Histoire : La laïcité mais laquelle ?
Mis à jour le 16.07.17
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L'interprétation de la loi de 1905 est encore sujet de débats qui ne pourront se résumer à l'enseignement de la morale laïque.
La loi de 1905 sur la séparation
de l'Église et de
l'État prend place dans un contexte historique
d'affrontement entre cléricaux et anti-cléricaux.
En 1905, dans un pays secoué par l'affaire
Dreyfus, Aristide Briand et Jean Jaurès
défendent une loi de pacification acceptable par les
catholiques comme par tous les républicains. C'est
sans doute pourquoi, la liberté de conscience est
affirmée comme article premier alors que la tournure
souvent citée : « La République ne reconnaît
aucun culte » n'apparaît que dans le second article.
Mais dès cette époque, la loi exclut les colonies
françaises dont l'Algérie. Pour l'historien Jean Paul
Scot : « la rencontre entre l'islam et la laïcité s'en
trouve fortement hypothéquée. »
Une affirmation qui semble se confirmer avec la
loi de 2004 qui interdit dans les établissements scolaires « le port de signes ou de tenues par lesquels
les élèves manifestent ostensiblement une appartenance
religieuse. » On peut y lire la volonté de
contrecarrer la recrudescence très médiatisée de
jeunes filles voilées dans les lycées et collèges. Sur
le même sujet en 2012, le ministre Luc Chatel réglemente
par une circulaire l'accompagnement des
sorties scolaires. Autant de mesures traduisant une
situation qui reste aujourd'hui tendue dans certains
établissements scolaires principalement dans ces
quartiers qui concentrent les difficultés socio-économiques
et où le repli communautaire apparaît à
certains comme la seule réponse. Comment refaire
de la laïcité un outil pour mieux vivre ensemble ?
Certains comme le philosophe Henri Pena Ruiz
préconisent le retour à une laïcité « de combat » plus
intransigeante. Pour d'autres, comme Benjamin Stora, « l'enjeu
est de préserver
les principes
républicains,
comme la laïcité,
tout en
s'adressant aux
minorités ». Même son de cloche chez le sociologue
Jean Baubérot qui considère que « la dérive, à
laquelle on assiste, qui consiste à faire glisser l'obligation
de neutralité de l'État vers la société elle-même,
est contraire à la loi mais aussi contre-productive : elle choque les croyants et donne l'idée d'une
laïcité répressive ». Un débat de fond et un travail
sur la durée qui ne pourront se résumer à l'enseignement
de la morale laïque et à l'anecdotique
journée de la laïcité proposés par la ministre.
Site : La laïcité à l'usage des
éducateurs
Textes fondateurs, aspects juridiques, législatifs ou réglementaires, prises de position diverses et argumentées, témoignages et relations d'expériences : sur le principe du « question-réponse » le site internet La laïcité à l'usage des éducateurs conçu par la Ligue de l'enseignement, les CEMEA et les Francas balaye toutes les situations problématiques auxquelles peuvent être confrontés les enseignants des écoles et leur propose des outils pour promouvoir les valeurs de la laïcité dans la classe. laicite-educateurs.org |
L'ensemble du dossier :
Présentation du dossier
Devant les élèves : Paroles d'enseignants
Hélène Romano : « Faire un temps fondateur d'une nouvelle cohésion collective »
Note du CNESCO : « École : le défi de la mixité sociale et ethnique »
Agnès van Zanten : « La mixité se joue essentiellement au niveau local »
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Hicham Benaïssa : « La loi de 1905 est une loi de liberté »
Benoît Falaize : « Expérimenter les valeurs, sinon c'est du catéchisme »