Plan « Brisons le silence »
Mis à jour le 27.06.25
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En mars dernier, suite à l’affaire Bétharram, Elisabeth Borne annonçait le plan « Brisons le silence ». Un plan axé sur deux objectifs : la libération de la parole des enfants et un contrôle accru de l’enseignement privé sous contrat. Dans ce cadre, des réunions ont eu lieu avec le Ministère pour échanger sur la mise en place d’un questionnaire ainsi que différentes mesures relatives au climat scolaire.
Le plan « Brisons le silence » repose sur 3 « piliers » :
Pour cela le Ministère propose trois actions importantes. Il prévoit de déployer l’application « Faits établissements » dans les établissements privés sous contrat. Il propose ensuite la mise en place de questionnaires anonymes à destination des élèves internes et après les voyages scolaires avec nuitées pour tous les élèves du primaire et secondaire, du public et du privé sous contrat. Il annonce enfin vouloir inspecter « 40% des établissements sous contrat dans les deux prochaines années, dont la moitié par des visites sur place » en recrutant 60 inspecteur·trices supplémentaires l’année scolaire prochaine.
Pour la FSU-SNUipp, ces mesures vont dans le bon sens mais restent néanmoins insuffisantes. Ainsi, si la nuitée est identifiée comme l’élément à risque majeur, les violences, y compris les violences sexuelles, peuvent avoir lieu au sein des écoles et des établissements, dans le quotidien de la classe, de l’école. S’en tenir à des mesures sur les temps de voyages scolaires avec nuitée, qui ne représentent qu’un temps infime du temps scolaire, laisse le syndicat dubitatif. En effet, d’autres lieux et temps possibles de violences ne sont pas couverts : toilettes, couloirs, cour de récréation, voire les salles de classes, temps périscolaire…
La FSU-SNUipp a en outre pointé lors des discussions la non différenciation entre primaire et secondaire dans la conception des questionnaires qui rend l’outil peu adapté aux jeunes enfants. Elle a tenu aussi à rappeler que ces mesures ne sauraient se substituer à une véritable politique éducative et qu’aussi l’EMC, l’EMI ou l’EVARS demeurent essentiels à la prévention et à la libération de la parole, dans un cadre propice.
Ces remarques ont été entendues et le Ministère s’est engagé à revoir certains éléments.
Climat scolaire
Le ministère a également présenté une série de mesures censées améliorer le climat scolaire. Des mesures qui ne s’attellent pas au problème de fond : qu’est-ce qui génère ces violences dans la société, dans l’école et comment les prévenir ?
Lors des échanges, la FSU-SNUipp a donc pointé certains éléments problématiques.
Elle a d’abord tenu à demander une différenciation de problématiques très différentes (punitions, sécurisation des abords, intrusions, violences sexuelles et sexistes, violences systémiques…) que le Ministère mélange dans un ensemble de propositions « fourre-tout ». Cette méthode empêche la construction de réponses adaptées aux multiples situations sans articuler les dispositifs déjà existant (PHARE, équipes Valeurs de la République, équipes mobiles de sécurité…).
Le syndicat a également critiqué une approche centrée principalement sur la sécurité et la discipline. Par exemple, la création de services académiques de défense et de sécurité met l'accent sur la lutte contre les atteintes aux « valeurs de la République », au détriment de la prévention. Cette vision, empreinte de méfiance envers les jeunes, empêche de s’attaquer aux causes profondes des violences. De plus, le pilotage du plan repose sur des indicateurs chiffrés, ce qui favorise une logique de résultats plutôt qu’une analyse fine des besoins et des réalités du terrain.
Ensuite ce plan n’a pas été pensé en prenant en compte les spécificités du 1er degré. Les procédures disciplinaires, les relations avec les familles, les personnels présents dans les écoles… Le modèle proposé s’inspire exclusivement du secondaire, ignorant les spécificités du primaire.
Enfin, toutes ces propositions sont mises sur la table sans que la question de la formation des personnels ne soit au centre du dispositif : c’est pourtant le levier indispensable à tout travail à long terme.
Pour la FSU-SNUipp c’est donc une copie largement à revoir. Elle continuera, avec la FSU, de porter des revendications répondant aux besoins du terrain, et de dénoncer le resserrement de la notion de climat scolaire à la seule idée de « défense et sécurité ».