Ecole et urgence écologique

Mis à jour le 29.09.22

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Sensibiliser les élèves aux conséquences du réchauffement climatique

Dans de nombreuses écoles, enseignantes et enseignants multiplient les initiatives pour sensibiliser les élèves aux conséquences du réchauffement climatique et leur donner envie de s’engager en faveur de la défense de la planète. Une démarche éducative et citoyenne complexe qui exige des compétences scientifiques de la part des PE, une plus forte implication institutionnelle et une vigilance accrue pour ne pas déraper vers l’éco-anxiété.

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Alors qu’en avril dernier, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) tirait le signal d’alarme face à l’urgence climatique, comment l’école peut-elle mettre les élèves en action pour les rendre davantage acteurs et actrices du monde de demain ? Si enseignantes et enseignants n’ont pas attendu les dernières conclusions du Giec pour investir des champs pédagogiques consacrés au dérèglement climatique et écologique et à ses conséquences sur les espèces vivantes, ils n’ont pas toujours pu s’appuyer sur des prescriptions claires du ministère de l’Éducation nationale (EN). En outre, la prise en compte de ces problématiques n’a généré ni moyens supplémentaires pour les apprentissages, ni formations spécifiques pour les PE. De l’aveu même du ministre de l’EN, Pap N’Diaye, dans la circulaire du 29 juin 2022, « notre action en faveur de la transition écologique et énergétique repose sur deux piliers : connaître et agir. La formation des élèves sur ces thématiques n’apparaît pas suffisante, à la fois pour fonder leur analyse, faire évoluer leurs comportements et accompagner leur orientation vers les parcours d’études et secteurs d’emplois correspondants. ».

 Des PE engagés

La prise de conscience par les enfants de la nécessité et de l’urgence d’agir contre le dérèglement climatique repose aujourd’hui essentiellement sur l’engagement individuel des PE et sur la mobilisation des collectivités locales qui peuvent accompagner une initiative scolaire développée sur leur territoire. Les exemples d’expériences probantes menées par des PE foisonnent. À Gennevilliers (Hauts-de-Seine), les élèves de CM1-CM2 de l’école Paul-Langevin située en zone d’éducation prioritaire travaillent à partir des photos du spationaute Thomas Pesquet pour identifier les zones arides et réfléchir aux questions liées aux ressources aquatiques. Carine Batman, l’enseignante, prolonge les observations par des expériences pratiques pour amener les élèves à comprendre, réfléchir et proposer des solutions. « Ce travail transdisciplinaire favorise l’autonomie et la confiance en soi, souligne-t-elle. Ce sont eux qui prendront les décisions de demain, ma mission est de leur donner les savoirs et savoir-être pour trouver et construire ensemble des solutions ».

À Montpellier (Hérault), c’est à l’université qu’une classe de CP de l’école Julie Daubié étudie le monde du vivant et le rôle joué par la biodiversité dans le développement des espèces animales et végétales. « Les enfants ont pu observer des insectes au microscope ou manipuler des crânes de mammifères », indique Cédric Martinez, leur enseignant. D’autres expériences (gestion d’un poulailler, création d’un potager, sensibilisation au tri des déchets et au compostage…) sont également le quotidien d’autres classes de cette école située en REP+ et labellisée « École en démarche de développement durable ». « On sème des graines, sans voir grandir l’arbre », reconnaît de son côté Pascal Peytavin, enseignant d’une classe de CM2.

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Eviter l'éco-anxiété

Les spécialistes de l’éducation confirment le rôle déterminant de l’enseignement des enjeux climatiques dans la construction des futurs citoyens. « Si le rôle de l’école est d’apporter des savoirs, il consiste aussi à les problématiser et à les contextualiser pour aborder les grandes questions écologiques », affirme Anne-Françoise Gibert, médiatrice scientifique à l’Institut français de l’éducation de l’ENS-Lyon, en précisant toutefois que « les études montrent que les connaissances ne sont pas suffisantes pour impacter les comportements » et que « l’approche sensible est nécessaire ». (Lire l'interview complet d'Anne-Françoise Gibert)

Dès lors, les PE doivent prendre en compte les émotions que peuvent provoquer chez l’élève les effets des crises climatiques qu’il peut observer directement dans son vécu, à travers les informations traitées par les médias ou à l’occasion d’un travail réalisé en classe. Face à ce phénomène d’éco-anxiété, enseignantes et enseignants – comme beaucoup d’autres adultes – se trouvent parfois désarmés. « Dans l’Éducation nationale, il n’y a pas d’espace pour en parler », constate Anne-Françoise Gibert. Pour Nicolas Demarthe, PE en charge de la coordination du centre pilote « La main à la pâte » de Nogent-sur-Oise (Oise), provoquer de l’éco-anxiété lors d’une séance d’éducation au changement climatique « serait contreproductif et risquerait de pousser les élèves au déni ». Nicolas Demarthe préconise plutôt de « trouver un équilibre entre information et sensibilisation, sans oublier de travailler sur les émotions ». Le but étant « de donner à l’enfant l’envie de se mobiliser ». (Lire l'interview complet de Nicolas Demarthe)

Une profession à l'avant-poste

Les enseignants et enseignantes n’ont pas attendu les prescriptions ministérielles pour mettre les élèves dans une posture collective d’action. De la préservation du littoral avec une aire marine éducative en Gironde aux nombreuses classes dehors à Niort ou Mandelieu, de l’observation en milieu urbain dans la banlieue rouennaise à une forêt urbaine dans la Vienne, des éco-gestes à Troyes à l’éco-citoyenneté à Paris… c’est partout et sous de multiples formes que les équipes pédagogiques impliquent les élèves sur les problématiques de transition écologique, de préservation du vivant et du recul de la biodiversité et plus récemment sur le sujet de l’urgence climatique. Sans formation, avec un vademecum inadapté aux besoins pédagogiques et didactiques, c’est avec certaines associations et en équipe que la profession construit ses outils et ses ressources.

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