IVG...un droit menacé

Mis à jour le 03.09.22

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Itv de Suzy Rojtman sur le droit à l'IVG en France

SUZY ROJTMAN est porte-parole du collectif droits des femmes

FsC 484 Suzy Rojtman

En France, le droit à l'IVG peut-il être remis en question ?

Oui, malheureusement. Être contre les droits des femmes et contre l’avortement est dans l’ADN de l’extrême-droite. Une remise en question du droit à l’IVG est donc possible. Même si cela ne passe pas par une interdiction directe, cela peut passer par une série de petites mesures. Les anti-avortement sont très imaginatifs, comme on a pu le voir aux États-Unis.

Quel type de mesures coercitives ?  

Raccourcir les délais, remettre en place l’entretien préalable au cours duquel des professionnels anti-IVG peuvent tenter de dissuader une femme d’avorter. Ou encore réintroduire la semaine de réflexion qui existait dans la loi de 1975. Il existe de multiples façons d’attaquer le droit à l’avortement. 

Quelles conséquences pour les femmes ? 

Interdire l’avortement, cela n’empêchera pas les femmes d’avorter mais mettra leur santé en danger. Dans tous les pays où l’avortement est interdit, les femmes trouvent des solutions et font appel à des méthodes folles… L’avortement est un problème de droit des femmes mais c’est tout autant un problème de santé publique.

L'IVG, un droit menacé

Le 24 juin dernier, la Cour suprême des États-Unis révoquait l’emblématique arrêt "Roe vs Wade" qui garantissait, depuis 1973, à toutes les Américaines le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Un coup de tonnerre dans ce pays où les cinquante-deux États disposent chacun d’une constitution propre mais qui sont soumis à la constitution fédérale. Les États les plus conservateurs ont aussitôt saisi l’opportunité en adoptant des lois interdisant l’avortement ou restreignant fortement son accès. Treize États dont le Missouri, le Mississipi ou encore le Tennessee vont ainsi rejoindre le Texas qui n’a pas attendu l’avis de la Cour suprême pour limiter
à six semaines le délai d’avortement, y compris pour les victimes de viol et d’inceste. Cette annonce ébranle les États-Unis mais aussi tout le reste du monde. En France, même si la loi du 2 mars dernier  est venue réaffirmer le droit à l’IVG en passant le délai de 12 à 14 semaines, cela n’a pas été sans mal. Ce n’est qu’après deux ans de débats houleux et de négociations – initialement la proposition de
loi supprimait la clause de conscience spécifique – que la loi Gaillot a été promulguée le 2 mars 2022. En Europe, même si le doit à l’IVG est autorisé dans presque tous les pays, les conditions d’exercice fluctuent : complètement interdit à Malte, autorisé sous des conditions drastiques depuis 2021 en Pologne… Les Européennes ont entre la 10e et 24e semaines d’aménorrhée pour
avorter. Certaines sont soumises à des entretiens psychologiques, d’autres supportent des frais entièrement à leur charge comme au Portugal. Dans 23 pays européens, les médecins peuvent refuser de pratiquer l’IVG au titre d’une clause de « conscience ». Aujourd’hui en France, le débat est focalisé sur la constitutionnalisation ou pas du droit à l’IVG.

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