Direction : les mauvaises réponses du Ministère

Mis à jour le 23.05.25

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Alors que la FSU-SNUipp interpelle depuis des mois le ministère sur les conditions de direction et le fonctionnement des écoles, le ministère a réuni, pour seule réponse, un groupe de travail afin d’aborder la réécriture du référentiel métier des directeurs et directrices d’école, datant de 2014. Les objectifs sont clairs, il s’agit de mettre le référentiel en conformité avec les derniers textes législatifs comme la loi Rilhac et le construire comme un levier pour développer le pilotage pédagogique par les directions d’école basé sur les évaluations nationales et d’école.

Le document présenté par le ministère contient quatre paragraphes décrivant les missions des directeurs et des directrices : le pilotage pédagogique, les responsabilités relatives au fonctionnement de l'école, la cohérence des différents temps de l'enfant et la participation à la protection de l’enfance. Pour chacun, une annexe spécifique reprend les compétences et capacités requises, les activités professionnelles et les connaissances à détenir pour les directeurs et directrices. Seuls les trois premiers contiennent des modifications structurelles du métier et donc de l’École.

Le pilotage pédagogique

Dans cette première partie, la direction est placée en garante du « climat scolaire serein et sécurisant » avec un « pilotage pédagogique s’effectue notamment dans le cadre du conseil des maîtres et du conseil de cycle » au sein duquel « le directeur d’école s’assure que tous les sujets concernant la stratégie pédagogique de l’école » sont traités.
Ensuite dans le nouveau référentiel « Le directeur conduit, élabore et met en œuvre le projet d’école avec l’appui des autres enseignants» en s'appuyant sur des données objectives (résultats aux évaluations nationales par exemple). L'évaluation de l'impact de celui-ci sur les élèves sera également une nouvelle mission.
Enfin, les directeurs et directrices devront aussi s'assurer des échanges réguliers entre les professeurs de leur école et les familles au sujet des progrès des enfants et de leurs résultats aux évaluations nationales.

Alors que le projet du Ministère propose que « Le directeur veille à la maîtrise des savoirs fondamentaux par tous les élèves », le syndicat rappelle que les directeurs et directrices ne doivent pas se substituer aux IEN, seul·es agent·es chargé·es de l’évaluation des pratiques professionnelles des PE. La FSU-SNUipp rappelle aussi que ce n’est pas à la direction mais à l’équipe d’élaborer le projet d’école. Les directeurs et directrices doivent rester des animatrices qui coordonnent le collectif de travail. Enfin, la direction ne peut ni doit avoir rôle de contrôle des relations entretenues entre les adjoint·es et les familles.

Les responsabilités relatives au fonctionnement de l’école

L'introduction de cette partie donne l’esprit fondamental de la refonte du référentiel. Il fait directement référence à la loi Rilhac et à l'autorité fonctionnelle qu'elle a créé : “dans le cadre de l’autorité fonctionnelle qui lui est conférée, le directeur est garant de la qualité du fonctionnement de l'école et du respect de la réglementation qui lui est applicable. »
A la différence du référentiel actuel, la suite du texte insiste sur le pilotage de l'école par les directeurs et directrices en passant sous silence la place de l'équipe enseignante.

Cela va même plus loin en leur confiant un “rôle d’anticipation et de régulation des absences des enseignants ” et d’aider aussi les IEN dans la recherche de solutions de remplacement.

La FSU-SNUipp a fermement demandé la suppression de la mention du rôle d'appui aux IEN pour gérer le remplacement ces PE. Elle a exigé l’ajout récurrent de la formule « après l’avis du conseil des maîtres » et « dans le respect des obligations réglementaires de service » pour ce qui concerne l’organisation des différentes réunions.

La cohérence des différents temps de l’enfant

Cette partie est celle qui remet en moins en cause le fonctionnement actuel de la direction d'école. Le seul changement par rapport à l’existant concerne le lien aux collectivités. Le projet de référentiel parle en effet d’un·e directeur·trice qui « veille à mettre en œuvre un pilotage des politiques publiques en lien étroit avec les collectivités ». C'est un ajout problématique ce qui d’une part pourrait renforcer la pression des collectivités sur les personnels et d’autre part limite les interactions des adjointes et adjoints avec les collectivités.

Des propositions idéologiques a l'opposé des besoins et demandes du terrain

Le projet de nouveau référentiel métier ne prend pas en compte la réalité de fonctionnement des écoles. En mettant au centre des discussions le référentiel et non les besoins immédiats des directions, comme le temps de décharge ou l’allègement des tâches, et malgré des relances pour l’attribution de moyens spécifiques, le Ministère montre sa priorité.
Avec des directrices et directeurs qui se voient transférer des responsabilités et des missions nouvelles et la quasi absence de référence aux IEN, la volonté ministérielle de faire des directrices et directeurs des chef·fes d'établissement n’est plus cachée. D’ailleurs la dynamique d’équipe, essentielle au fonctionnement de l’école comme à la réussite des élèves, est totalement passée sous silence, pendant que les termes issues du management, pilotage, stratégie, contrôle… sont récurrents.

La FSU-SNUipp est systématiquement intervenue pour porter le projet d’une école dans laquelle le pouvoir d’agir des personnels est valorisé, au travers d’un collectif renforcé, animé par un·e directeur·trice dont les missions et responsabilités ne peuvent clairement pas s’inscrire dans la chaîne hiérarchique, ni dans le pilotage ou l’évaluation pédagogique. Elle poursuivra la bataille pour garder la spécificité de la direction de l’école primaire et obtenir les moyens pour améliorer ses conditions de travail