Santé à l’école : une copie hors sujet !

Mis à jour le 16.05.25

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Les Assises de la santé scolaire étaient annoncées comme un tournant majeur pour répondre à l’aggravation du mal-être des élèves et aux difficultés croissantes rencontrées dans les établissements. Pourtant, les propositions dévoilées par Élisabeth Borne sont loin d’être à la hauteur des enjeux. La FSU-SNUipp, le SNES-FSU, le SNUAS-FP et le SNICS-FSU dénoncent une occasion manquée, entre mesures légères, réponses inadaptées et manque criant de moyens.

Une réforme hors-sol, déconnectée des réalités

Malgré les alertes répétées, aucun diagnostic sérieux ni partagé n’a été établi sur la situation actuelle de la santé à l’École. Les contributions des personnels, pourtant nombreuses et précises, ont été ignorées. Le résultat était donc prévisible : des propositions qui relèvent davantage du "cache-misère" que d’une véritable politique ambitieuse pour la santé des élèves.

Pire encore, les annonces faites ne s’attaquent ni à la crise d’attractivité que connaissent les métiers de Psy-EN, d’assistant·es sociaux, de médecin scolaire et d'infirmier·e scolaire, ni aux postes vacants qui plombent au quotidien la qualité de l’accompagnement dans les écoles et les établissements.

Des besoins criants, des moyens toujours aussi dérisoires

Aujourd’hui, pour répondre aux besoins de plus de 15 millions d’élèves et étudiant·es, on ne compte que :

  • 7 800 infirmier·ères scolaires,
  • 2 700 assistant·es et conseiller·ères techniques de service social,
  • 7 000 psychologues de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.

Des effectifs dramatiquement insuffisants pour assurer un suivi de qualité, alors même que les demandes explosent. Dans ce contexte, parler “d’optimisation des ressources" relève d’un mépris intolérable. Cette approche revient à nier les conditions dégradées dans lesquelles travaillent déjà des professionnels sursollicité·es.

Où sont les actes politiques ?

À son arrivée rue de Grenelle, la ministre se disait capable de gagner les arbitrages nécessaires. Mais aujourd’hui, les promesses ne se traduisent pas en actes. Les mesures budgétaires nécessaires pour renforcer les équipes pluriprofessionnelles avec des personnels supplémentaires n'ont pas été obtenues. Les moyens permettant de revaloriser l'ensemble des personnels et de répondre enfin aux enjeux d’attractivité de ces métiers font toujours défaut.

Le soutien attendu des parlementaires qui, conscient·es des enjeux, ont inscrit la spécialité des infirmier·es de l’Éducation nationale dans la loi infirmière malgré l’opposition du gouvernement, n’a pas été exprimé. 

Les créations de postes et la reconnaissance effective des Psychologues de l’Éducation nationale restent absentes, ce qui n’améliorera pas l’attractivité du métier. De même, les postes d’assistant·es de service social ne sont pas créés en nombre suffisant pour garantir leur présence dans tous les établissements, y compris ceux du premier degré.

Pour une vraie politique de santé à l’École

La FSU-SNUipp refuse que la "santé à l’École" soit un énième outil de communication politique. Les signaux d’alerte sont là, et il est urgent d’agir. Nous demandons un changement de cap clair : une réforme basée sur les besoins réels, avec des moyens humains et financiers à la hauteur, une reconnaissance de l’expertise des personnels et un engagement du ministère pour améliorer les conditions de travail des personnels et d’accueil des élèves dans les écoles et établissements.

Face à l’immobilisme gouvernemental, la FSU-SNUipp, le SNES-FSU, le SNUAS-FP et le SNICS-FSU appellent à construire une mobilisation forte. Une grande journée d’action nationale est d’ores et déjà prévue le 10 juin. Il est temps d’agir avec les personnels et pour les élèves, afin de faire entendre nos exigences et obtenir les mesures que la situation impose.