Protocole renforcé, au milieu du gué

Mis à jour le 22.04.21

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Enfin ! Le gouvernement entend une partie des revendications portées par le SNUipp-FSU depuis des semaines. Si cela démontre le sérieux des propositions du syndicat, leur prise en compte trop partielle risque de ne pas suffire à un retour secure dans les écoles, ni à une continuité sereine du service public d'éducation.

A quelques jours de la reprise, la circulation épidémique reste à un niveau très haut tout comme la pression sur le service public hospitalier. Le renforcement partiel du protocole pour les écoles, présenté quelques jours avant la reprise, prend en compte une partie des revendications portées par le SNUipp-FSU mais sans les mener au bout. Clairement les trois semaines sans classe n’ont pas été mises à profit par le gouvernement pour rendre possible une école sous covid comme le réclamait la pétition unitaire. 

D'une part, si une « priorité de vaccination » a été reconnue, elle reste très limitée. Réservée au plus de 55 ans, comme pour l'ensemble de la population, elle ne concerne que 12% des PE. De plus, elle reste totalement désorganisée dans nombre de départements. On est loin de la vaccination de tous les personnels des écoles nécessaire pour les protéger, ainsi que leurs élèves et les familles, et assurer par la même leur présence afin de maintenir les écoles ouvertes. Aucune réelle accélération du calendrier n'est envisagée. 

D'autre part, si la fermeture d'une classe à partir d'un cas positif au Covid, quel que soit le variant, est enfin étendue à l'ensemble des départements, elle continue à en exclure les adultes qui ne sont pas considérés comme cas contact lorsqu'un élève est positif, pas plus que les élèves ne le sont si le PE est testé positif. Sans compter le déficit de traçage des élèves de maternelle qui reste moindre  ne permettant pas une identification claire de la diffusion du virus. 

Non brassage, chiche ! Mais concrètement ? 

L'incohérence due aux absences des enseignant.es non remplacé.es qui engendrait une répartition des élèves dans les autres classes semble enfin entendue. La règle du non brassage devient prioritaire et en cas de remplacement impossible c'est l'enseignement en distanciel qui devrait prendre le relais... Reste à savoir par qui si l'enseignant.e est lui-même en arrêt ! Aucune indication non plus sur la mise en place concrète qui nécessite un réabondement massif du vivier de remplaçant-es. Le ministère confirme qu'en cas de besoin, de nouveaux recrutements, en plus de l'enveloppe des 6 000 contractuel.les déjà annoncée, sont possibles. Reste qu'au vu de l'attractivité de ces emplois, répondre à tous les besoins s'avérera bien compliqué.

Enfin, si le déploiement des tests salivaires promet d'être accentué de 250 000 à 400 000 hebdomadaires dès la semaine prochaine avec un objectif de 600 000 mi-mai, il reste loin du nombre nécessaire à une prévention d'envergure. Ces tests devraient faire l'objet d'un meilleur ciblage (là où la contamination est la plus importante), et des auto-tests distribués aux personnels. 

Et toujours rien...

Par contre, rien n'a été envisagé pour favoriser une meilleure aération des locaux : ni investissement dans des capteurs CO2, ni dans des purificateurs d'air. Ces investissements, nécessaires et niés jusqu'à présent par le ministre, sont "renvoyés" aux municipalités. De même, le ministère ne fournit aucun masque chirurgical ni aux élèves, ni aux personnels. Quant à l'allégement des effectifs, il n'est prévu qu'à partir de la classe de quatrième...
L'école joue un rôle dans le maintien d'une partie de l'économie, pourtant la dotation de moyens spécifiques supplémentaires dans le cadre du plan de relance oublie totalement l'Education nationale.

Au final, malgré une validation des revendications posées depuis des semaines par le SNUipp-FSU, les conditions restent loin de ce qu’il faudrait pour maintenir une école sécure sous covid.
Comme un entêtement à croire que les écoles ne participent pas vraiment à la diffusion du virus, alors que le variant anglais, plus présent chez les enfants, est devenu largement majoritaire. 
Comme une délégation de la gestion aux personnels sur le terrain, lassés d'un déni de réalité, oeuvrant pourtant au quotidien à maintenir le service public d'éducation.
Le gouvernement fait le pari de demi-mesures entraînant une école en mode dégradé tout en prenant le risque de compromettre le freinage de l'épidémie. La pétition unitaire appelant à d'autres mesures pour la reprise reste ainsi d'actualité.