De l’ambition pour l’EPS c’est possible.

Mis à jour le 15.03.22

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Deux circulaires sur les pratiques sportives à l’école sont parues. Le SNUipp-FSU les décrypte et rend parallèlement compte d’une enquête menée, conjointement avec le SNEP-FSU, par des chercheurs·euses. Cette dernière montre l’impasse du “faire bouger 30 minutes par jour”, cher au Ministre, mais aussi qu'avec une réelle volonté d’équipements, de formation et d’accompagnement, l’enseignement de l’EPS en primaire peut être dynamisé.

De l’ambition pour l’EPS : c’est possible

Le SNUipp-FSU et le SNEP-FSU rendent publique une enquête menée par des chercheurs auprès d’écoles dans lesquelles l’EPS est considérée comme fondamentale.
Cette dernière démontre que la proximité des équipements, la conscience des enjeux, le travail en équipe et l’organisation de rencontres ou d’événements sportifs et artistiques sur le temps scolaire sont autant d’éléments fondamentaux pour rendre effectif l’enseignement de l’EPS. Les résultats montrent par ailleurs que la question du temps est une donnée fondamentale dans la mise en oeuvre des programmes, et que dans le contexte de pression et de recentrage des apprentissages autour des  fondamentaux, réussir à  assurer les 3h d’EPS relève d’une forme de militantisme… qui donne pourtant des résultats !
A contrario de ces réussites, ce sont deux circulaires sur les pratiques sportives à l’école qui sont parues le 20 janvier dernier. L’une concerne les 30 minutes d’activités quotidiennes, l’autre le dispositif “Une école-un club”. Elles soulèvent des questions de temps de travail des enseignant·es et d’égalité territoriale.

Un cadre flou

La circulaire sur les 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) part du postulat qu’être "en bonne santé est une condition préalable fondamentale pour bien apprendre". Elle donne un cadre souple à sa mise en place "Les formes que peuvent prendre les « 30 minutes d'activité physique quotidienne » sont variées et doivent être adaptées au contexte de chaque école. Elles peuvent être fractionnées et combinées sur les différents temps scolaires (par exemple sous forme de pauses actives), mais aussi périscolaires. Les temps de récréation peuvent aussi être investis…". Elle précise néanmoins que "l’activité physique quotidienne est à différencier de l’éducation physique et sportive (EPS), discipline d'enseignement obligatoire." Aucune précision n’est donnée sur le degré d’implication et des responsabilités des équipes, et sur la part scolaire – péri scolaire. La souplesse du cadre entretient le flou. C’est dans ce flou qu’intervient le dispositif “Une école-un club”. L’objectif serait de permettre des partenariats entre club de sports et école, pour faciliter notamment la mise en place des 30 minutes d’APQ. Néanmoins il y figure une précision de taille sur le rôle de l’enseignant·e “pendant les 30' d'activité physique quotidienne, il demeure le seul responsable de la classe.”

Des conséquences concrètes

Il y a là une contradiction forte. Si les 30 minutes ne sont pas de l’EPS, comme l’indique l’écrit du Ministère, alors elles ne peuvent figurer dans les durées hebdomadaires des enseignements. Dès lors, sur quel temps l’enseignant·e, qui serait responsable de la classe, va-t-il les mettre en place ? C’est une injonction contradictoire à laquelle vont faire face les personnels : respecter les durées d’enseignement pour chaque matière tout en incorporant ces 30 minutes et dans le respect de leurs 24H00 d’obligation de service sur temps scolaire. Le Ministère semble vouloir faire rentrer un carré dans un cercle.
L’autre conséquence est le renforcement, une fois encore, des inégalités territoriales. Car la possibilité de partenariat avec des clubs de sports dépendra, bien évidemment, de l’offre, qui est inégalitaire selon les écoles.

Pour le SNUipp-FSU, l’EPS est un apprentissage, au même titre que tous les autres. Cela veut dire qu’il doit y avoir une ambition, de la formation et des moyens pour rendre effectif son enseignement. Loin des “30 minutes par jour” prônées par le Ministre, il est urgent de dynamiser l’EPS à l’école.