« Un investissement plus important »

Mis à jour le 02.06.20

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Interview d'André Tricot, professeur de psychologie cognitive à l'université/Montpellier 3

André Tricot est professeur de psychologie cognitive à l’université Paul Valéry/Montpellier 3.

Comment enseigner à distance d’une manière générale ?

Pour concevoir un enseignement à distance on se pose les mêmes questions que pour un enseignement en présence : quel est l’objectif d’apprentissage ? Où en sont mes élèves ? Quelle activité va leur permettre d’apprendre ? Selon quelle progression ? Avec quel support ? Comment vais-je engager les élèves dans cet apprentissage ? Comment vais-je réguler cet apprentissage ? Comment vais-je évaluer ? Ce sont les réponses qui diffèrent. Il y a énormément de choses qui passent par la communication non verbale en classe et qui ne passent pas à distance. Apprendre à distance est plus exigeant parce toute l’aide qu’une enseignante ou un enseignant apporte à ses élèves dans la classe, et toute la régulation de son enseignement en fonction des difficultés de ses élèves, sont différées, parfois extrêmement différées. Cela entraîne une exigence de grande autonomie de la part des élèves. L’exigence de l’apprentissage à distance ne veut pas dire que celui-ci conduit à l’échec, mais qu’il nécessite de la part des élèves un investissement plus important. Réciproquement, elle implique pour les enseignants d’anticiper les difficultés des élèves encore plus que quand on prépare un enseignement en présence.

Les compétences développées et les objectifs sont-ils les mêmes qu’à l’école ?

Oui ce sont ceux des programmes. L’enseignement au CNED existe depuis 80 ans mais la différence réside dans le fait qu’en France cet enseignement ne concernait qu’une petite minorité, environ 120 000 élèves et étudiants. Il y a énormément de recherches publiées sur l’enseignement à distance, elles montrent qu’il n’est pas plus efficace ni moins efficace que l’enseignement en présence. Mais elles montrent aussi qu’il concerne souvent des élèves qui ont des contraintes : ils sont hospitalisés, vivent isolés, leurs parents voyagent par exemple. Mais la question centrale reste encore la pédagogie. Certaines fonctionnent bien à distance, d’autres fonctionnent bien en présence.

Les outils numériques officiels sont-ils performants d’un point de vue pédagogique ?

Les outils numériques officiels sont-ils performants d’un point de vue pédagogique ?
Les outils ne sont que des outils. Ils sont au service d’une pédagogie. Filmer un enseignant en train de faire un cours de 50 minutes, sans consigne aux élèves, sans activité à réaliser, sans pause, sans interactions possibles, n’est peut-être pas une très bonne idée. Mais il est difficile d’accuser la caméra vidéo, le logiciel de visualisation ou la plate-forme qui héberge cette vidéo. Les méta-analyses de la littérature sur le numérique et l’enseignement à distance montrent clairement que les outils numériques apportent beaucoup quand ils sont conçus pour favoriser les interactions entre élèves, les interactions enseignant-élèves, et les interactions entre les élèves et la connaissance à apprendre, l’activité à réaliser.

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