Un collectif plus fort

Mis à jour le 23.11.22

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Quand l'équipe de l'école et celle du centre d'éducation motrice travaillent ensemble

Dans l’école primaire Rep+ Mespreuven dans le Nord, l’équipe de l’école et celle du centre d’éducation motrice travaillent ensemble : une démarche volontaire et volontariste qui crée de bonnes conditions de travail pour les personnels et d’apprentissage pour les élèves.

« Au premier abord, on peut penser que Noah et Justin en fauteuil électrique ne peuvent pas participer à l’activité d’escalade initiée par l’école et pourtant, oui, ils le peuvent », explique Amélie Dupont, professeur d’activités physiques adaptées du centre d’éducation motrice (CEM) situé dans l’école primaire Mespreuven à Louvroil dans le Nord. Il faut dire que les deux élèves bénéficient d’une situation rare, les équipes de l’école et du CEM, installées dans le même bâtiment depuis 2005, se sont tellement imbriquées, de manière spontanée et volontaire, qu’elles mettent en commun leurs compétences et collaborent dans l’intérêt des enfants admis dans les deux structures. Ainsi, en EPS, Justin et Noah ont bénéficié d’un parcours guidé par Amélie, débutant par des exercices au sol, avant qu’ils n’apprennent d’autres positions pour se redresser. Dans cette école constituée de treize classes, d’un dispositif Ulis et de deux classes externalisées du CEM, se croisent et travaillent ensemble PE, PE spécialisés, personnels de RASED, AESH, orthophoniste, professeur d’activités physiques adaptées, ergothérapeute, kinésithérapeute, psychomotriciens, éducateurs spécialisés… Fata Boubbich, directeur de l’école depuis 2003, se rappelle que « tout a commencé avec une élève en situation de handicap que la famille souhaitait scolariser dans l’école. Lors de la visite avec la famille, Raphaëlle Vuillaume, responsable du CEM, situé à Maubeuge, a été impressionnée par nos locaux - luminosité, architecture, espace disponibles - et sous forme de boutade, elle a demandé s’il n’y aurait pas de la place pour que le CEM s’installe ici ». Soutenu par la direction académique, le directeur convainc sans mal la municipalité.
« Toutes les planètes étaient alignées pour réaliser ce projet », se remémore-t-il. Rapidement, les équipes se sont mises à fonctionner ensemble et pour la municipalité, ce fonctionnement collectif est rentré dans la normalité. « Tous les équipements ou les sorties financées par la mairie profitent à la fois aux élèves de l’école et du CEM », explique Annie Fontaine, adjointe à l’enseignement.

Echanges de pratiques

« Avoir un plateau technique sur place est une chance, affirme Fata Boubbich, car l’expertise des soignants et des enseignants spécialisés profite aux élèves en situation de handicap mais aussi aux autres. » Les personnels du RASED et du CEM interviennent auprès des élèves, prodiguent des conseils et sont disponibles comme des personnes ressources. « Être présent dans les locaux permet d’apporter nos savoirs et savoir-faire, explique un membre du RASED. Échanger en direct avec un enseignant spécialisé permet de dédramatiser, de prendre du recul par rapport à une situation. » L’orthophoniste, Laurino Crocifissa, ajoute : « Je vais souvent en classe, c’est l’occasion de proposer des ajustements aux enseignants. Nous travaillons en collaboration afin d’optimiser les apprentissages des élèves du CEM et nous rendons disponibles pour tout autre questionnement. »
Échanges de pratiques, de matériel, partage des réussites font le quotidien de cette école. « On se sent moins seule », affirme une enseignante. « À plusieurs, on trouve toujours des solutions et il y a un vrai travail de différenciation pédagogique », ajoute une autre. Morgane Debucquoy, enseignante de CM1- CM2, a choisi cette école « pour son travail en équipe et son rapport aux élèves en situation de handicap. Ici, l’école s’adapte toujours au rythme des enfants, et non l’inverse ».

 Des conseils d'inclusion communs

Des conseils d’inclusion, créés par le directeur, réunissent PE et personnels du CEM. Ils sont tenus régulièrement pour faire le point des différentes situations d’élèves. Pour Esteban, cela permet de mettre en lumière son manque d’autonomie dans ses déplacements lorsque l’AESH n’est pas présente. Pour Roméo, une aide de la kiné de 45 minutes le mardi est validée. Pour Dylan, un personnel
du CEM devra l’accompagner à la piscine de janvier à février. Toutes les situations sont passées au crible, progrès, difficultés, aménagements, essais et réponses sont envisagés. Ce conseil est aussi l’occasion d’échanger sur des animations du CEM qui
pourraient bénéficier aux autres élèves de l’école comme la future action de prévention sur l’utilisation des réseaux sociaux et des jeux vidéo. L’adjointe de direction du CEM propose une formation au langage signé. La proposition est retenue par l’équipe et sera programmée sur un temps de pondération REP+. Une autre formation, sensibilisation aux troubles autistiques, est également à
l’ordre du jour mais elle aura lieu un soir après la classe. Un effort que les PE font régulièrement tant le bénéfice est palpable pour toutes et tous. « Même si cela nécessite de nombreuses concertations et échanges sur des temps souvent informels ou encore un travail de dentelle des emplois du temps, personne ne souhaite revenir en arrière, précise le directeur. Élèves, PE, personnels spécialisés, tout le monde est gagnant. » Du côté des parents, ce fonctionnement séduit tout autant. Quant à la présidente de l’association des parents d’élèves, elle ne cache pas sa satisfaction de voir « les professeurs à l’écoute, tous les élèves apprenant ensemble. Cela montre que tout le monde a sa place que l’on soit en situation de handicap ou pas. »

FsC 486 Un collectif plus fort

DES VALEURS PORTÉES PAR LE SNUIPP-FSU
Pour Baptiste Mahé, délégué du SNUipp-FSU 59, le fonctionnement de l’école Mespreuven devrait être la norme : « Cette école est un exemple concret des valeurs portées par le SNUipp-FSU : travail en équipe pluriprofessionnelle, principe d’éducabilité pour tous les élèves, inclusion de qualité. » Cependant, il pointe la nécessité de reconnaître les temps de concertation effectifs qui ont lieu sur des moments personnels. « Les journées de pondération en REP+ devraient être aussi généralisées à l’ensemble des écoles afin de rendre effectif le travail en équipe. »

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