« Questions climatiques et sociales liées »

Mis à jour le 25.03.19

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Cécile Duflot, présidente d’Oxfam France

Pourquoi ce succès des mobilisations sur le climat ?

Cécile Duflot : L’urgence climatique n’est plus une perspective que l’on peut discuter. De plus en plus de personnes expriment leur ras-le-bol et ont déjà commencé à changer leurs comportements. En avance sur les décideurs, elles leur demandent d’être plus ambitieux. Plus personne n’est épargné. Selon l’ONU, dans le monde, un quart des morts prématurées et des maladies sont liées aux atteintes humaines à l’environnement. C’est cette réalité qui a conduit à une réaction mondiale de la jeunesse. Les scénarios noirs à échéance 2050 concernent directement leur vie. Ce succès est donc paradoxalement à la fois le signal de l’urgence et de l’inaction politique. Quatre ans après la signature de l’accord de Paris, seuls 16 pays respectent leurs engagements et aucun en Europe.

Quelles suites ?

C. D : Le sujet, c’est l’amplification de ce mouvement pour qu’il pèse suffisamment sur les décideurs, pour que le changement soit mis en œuvre, avec l’ampleur et la radicalité que l’urgence impose. Et pour cela tous les moyens de mobilisation sont utiles. C’est dans ce cadre qu’avec trois autres organisations, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Oxfam France a décidé de déposer un recours contre l’État français pour inaction climatique. Ce recours a reçu le soutien de plus de 2 millions de personnes. Là aussi la mobilisation est massive. Il se passe quelque chose dans la société civile et cela doit être les prémices à un grand virage des politiques menées.

Quelle liaison entre les revendications climatiques et sociales?

C’est aussi un élément très nouveau : lors des marches du 16 mars, les slogans et les mots d’ordre des participants ont lié fréquemment les questions climatiques et sociales. Car le changement climatique aggrave les inégalités. 10% des plus riches émettent 50% des gaz à effets de serre et les populations les plus vulnérables sont les premières victimes du dérèglement. Cela est aussi le cas en France. Ce qui explique que la hausse de la taxe carbone, davantage supportée par des ménages à revenus faibles ou intermédiaires, ait été un facteur déclenchant du mouvement des gilets jaunes, en lien avec la question de la dégradation du pouvoir d’achat davantage qu’à une hostilité à une mesure écologique. Ces deux combats sont liés et ne s’opposent pas. Une transition écologique doit passer par une fiscalité plus écologique, plus juste et plus redistributive.

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