Maîtresse G, maîtresse rare

Mis à jour le 12.12.18

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Isabelle Ciszek est une rescapée des suppressions des postes G en Meurthe-et-Moselle (54)

Isabelle Ciszek est une enseignante peu commune. Son originalité commence dès sa formation initiale : elle fut à la fois de la dernière promotion de l’école normale et de la première d’IUFM, sur une année de transition. Aujourd’hui, elle occupe une fonction en voie de disparition : Isabelle est maîtresse G. L’unique des quatre RASED de la circonscription de Saint-Max en Meurthe-et-Moselle. Elle assure environ 70 suivis d’élèves auxquels s’ajoutent les urgences régulières. Submergée de demandes légitimes, elle est dans l’incapacité de répondre à toutes, ce qui lui laisse un sentiment de tiraillement.

Pourtant Isabelle aime ce métier particulier. Après seize ans de carrière dont quelques unes comme remplaçante, c’est le travail d’une collègue rééducatrice qui l’a inspirée. Elle part alors en formation mais après sept ans comme enseignante spécialisée, elle est victime des coupes dans les RASED. « J’ai eu du mal à faire le deuil de ce métier spécifique. Je connaissais les besoins et savais qu’il n’y aurait plus personne pour y répondre. » Alors quand un poste s’est libéré, Isabelle est revenue !
Elle dévoile un peu de ses séances : « C’est une bouffée d’oxygène pour les enfants. Je m’adresse à eux avec une écoute empathique. L’école ne va pas de soi pour pas mal d’enfants, ils ont ici l’occasion de le verbaliser. » Isabelle, avec des groupes de trois ou quatre élèves, n’utilise pas de supports scolaires mais des outils de médiation tels que la pâte à modeler, des figurines, des jeux coopératifs. Elle rêverait bien d’une grande salle avec des structures de motricité, mais fait avec les moyens du bord, même si cela ressemble plutôt à l’aire d’un placard à balais. Avec les enfants, elle travaille sur les émotions, les attitudes, ou les postures physiques. Elle raconte cet épisode où Thomas* était avachi et qu’il gardait son doigt dans le nez. En mimant son attitude, elle lui renvoie son image sur laquelle on peut ensuite discuter, après un bon éclat de rire.

TISSER LE LIEN

Le travail d’Isabelle c’est aussi des rencontres régulières avec les parents, incontournables pour percevoir l’enfant hors l’école. Des synthèses, une fois par semaine, avec ses collègues E et psychologue du RASED où elles échangent sur les enfants mais aussi sur la souffrance de certains enseignants, pour tenter de proposer des solutions. Parfois des trajets d’une école à l’autre. C’est encore des temps de réunions diverses avec les enseignants des classes : équipe éducative, conseil de cycle.
Émilie Gravier, maîtresse de CE1 à l’école Jules Ferry de Tomblaine, témoigne des petites transformations d’Adam*, enfant souvent en colère, qui maintenant quand il se sent énervé écrit sur un papier, le froisse et le jette discrètement comme le lui a conseillé la rééducatrice. « La prise en charge lui a donné une considération dont il avait besoin », explique Émilie. Évidemment, cela ne marche pas à chaque fois, « parfois on rame ou cela ne relève pas de mes compétences », reprend Isabelle. « C’est un travail à long terme, je n’ai pas de baguette magique. Mais c’est fondamental de tisser le lien avec la classe. Je crois à une approche systémique, considérer l’enfant dans son environnement pour un accompagnement conjoint avec les parents, les enseignants, les partenaires. C’est ce travail collectif qui nous permet d’avancer. » 

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