Les effectifs, ça compte

Mis à jour le 23.01.18

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Le dossier montre l'importance d'abaisser la taille des classes en France, partout

Brizemur effectifs

Près de 100 000 classes comportant 25 élèves ou plus en 2016, dont environ 7 000 à plus de 30 élèves, selon les chiffres fournis par le ministère. Les classes chargées représentent 53 % en primaire et 27 % en élémentaire. L’OCDE enfonce le clou, elle estime qu’en moyenne le nombre d’élèves est de 23 en France, soit 1,7 point de plus que la moyenne des pays membres. Si l’on se réfère aux 11 pays les plus comparables à l’Hexagone du point de vue socio-économique, qui ont de meilleurs résultats aux évaluations PISA et un système scolaire moins inégalitaire, les effectifs sont, là encore, plus élevés en France.
D’après la dernière étude internationale PIRLS, le niveau des élèves français ne cesse de baisser et, la seule réponse du ministre, est de vouloir comme en 2008 appuyer de nouveau sur les fondamentaux. Or, nul ne peut ignorer que la taille des classes est un des leviers de la réussite scolaire. Ce n’est pas le seul bouton sur lequel appuyer. Certes il faut aussi regarder du côté des pratiques enseignantes, de la formation, de la mixité scolaire, des inégalités sociales. Mais l’influence de la taille des classes ne fait aucun doute.

Influence sur la réussite

En 2006, les économistes Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire publiaient une étude* qui en faisait la démonstration. Pour eux, «la réduction d’un élève par classe de CE1 conduit à une augmentation de 0,7 point du score obtenu par les élèves défavorisés aux évaluations de mathématiques de début de CE2 (…). La suppression de la légère politique de ciblage des moyens actuellement en vigueur en faveur des ZEP conduirait à une progression de 14 % de l’écart moyen de réussite scolaire entre écoles ZEP et non-ZEP. (…) Une forte politique de ciblage (réduction supplémentaire de cinq élèves des tailles de classe en ZEP, à moyens constants) conduirait à une réduction supplémentaire de 46 % de l’inégalité de réussite scolaire ». Un consensus se dégage sur cette question de la quasi totalité des études menées en France et à l’étranger. En septembre, dans une note de synthèse, l’Institut des politiques publiques relevait que « les effets estimés de la taille des classes à l’école élémentaire sont globalement positifs : sur les neuf études recensées, sept trouvent des effets statistiquement significatifs. » Le ministère en a conscience. N’a-t-il pas instauré le CP à 12 dans les REP+ cette année, en projetant pour la prochaine rentrée le dédoublement des CP en REP et des CE1 en REP+ « là où c’est possible » ? Mais la mise en oeuvre de cette politique se fait par redéploiement de moyens. C’est sur des dispositifs indispensables pour le fonctionnement de l’école que le ministère puise les moyens nécessaires, notamment en affectant aux CP dédoublés une partie des postes du « Plus de maître que de classes ». Par ailleurs, toutes les collectivités ne sont pas en mesure de mettre à disposition les locaux nécessaires.

Manque de temps

À Marseille, les CP dédoublés, c’est deux enseignants pour un CP habituel. Côté enseignants, les témoignages attestent de l’impact des petits effectifs sur le climat scolaire, sur la hausse des interactions avec chaque élève, sur les conditions de travail plus apaisées... De plus, pour Pascal Bressoux, professeur en sciences de l’éducation « l’abaissement des effectifs n’a pas beaucoup d’impact sur les pratiques enseignantes, c’est à dire sur les méthodes et les styles d’enseignement. Ce qui va changer par contre c’est l’engagement des élèves dans les tâches », un vecteur de réussite donc ! En revanche, de gros effectifs riment avec mauvaises conditions d’enseignement et de travail. À Guidel dans le Morbihan, l’école Prat-Foën compte deux CM2 à 29 élèves. Il devient difficile de vérifier tous les carnets de liaisons, de corriger les cahiers… Des heures passées à l’école après la sonnerie parce qu’autant de cahiers à ramener à la maison « c’est trop lourd »… Les pratiques pédagogiques sont, elles aussi, impactées. « Je manque de temps pour chaque élève », raconte Guillaume Watel. À l’école maternelle de Las Planas à Nice, il y a sieste des PS et l’après-midi, l’effectif devient plus réduit, l’ambiance plus sereine, les interactions plus nombreuses pour entrer dans les apprentissages. Les classes surchargées ne manquent pas. Si beaucoup s’accordent à dire que la baisse des effectifs est un levier de la réussite scolaire, pourquoi attendre pour la généraliser à toutes les classes ?

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