Îles et elle

Mis à jour le 06.12.19

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Enseigner en Polynésie française, le rêve ? Tehina Teikipupini témoigne

Polynésie française : îles du bout du monde rarement évoquées sans penser aux cocotiers, aux plages paradisiaques, à l’eau turquoise… Tehina Teikipupini y est professeure des écoles à Tahuata, une des îles de l’archipel des Marquises. Enseigner dans un lieu magnifique rend-il le métier plus simple ? Pas sûr. Les enseignantes et enseignants de cette collectivité d’Outre-Mer (COM) accueillent quelque 29 300 élèves au sein des 193 écoles réparties sur les 106 îles des cinq archipels. Rares sont celles de plus d’une classe. Rares sont celles qui ne sont pas à des heures de route l’une de l’autre. Pourtant, Tehina ne se voit pas ailleurs. Enseignante depuis plus de vingt ans, elle exerce depuis 2010 au sein de l’école à classe unique de Habatoni, sur l’île de Tahuta. « Mon mari est de cette vallée. Il a voulu revenir vivre près des siens. Je ne me doutais pas de l’isolement du village ». La première année a été un peu difficile, « J’ai eu du mal à trouver mes marques. Je ne connaissais pas du tout la petite section par exemple ». Il faut dire qu’elle n’est pas seule, elle a la chance d’avoir une ATSEM dans la classe, chose assez rare en Polynésie.

portrait : enseigner à Tahiti

Pour contrer l’isolement, tous les enseignantes et enseignants se retrouvent pour une journée pédagogique une fois par période, « le vendredi vert », avec la conseillère pédagogique. « C’est l’occasion pour nous de partager nos expériences et de faire évoluer le projet d’école, qui est commun à l’ensemble des quatre écoles de l’île ». Quatre écoles pour quatre vallées constituant l’île. Trois écoles à classe unique et une plus grande, trois classes, au sein du village principal où se trouvent la mairie, la poste et l’infirmerie. Les six PE sont solidaires, la conseillère pédagogique assez disponible malgré son éloignement ; elle exerce sur l’île de Hiva-oa, à plusieurs heures de bateau. « On ne voit que rarement l’inspectrice, même si elle est facilement joignable. Il lui faut une journée de transport, alliant avion, bateau et voiture pour atteindre notre vallée ». Après neuf rentrées, Tehina ne voit que des avantages à la classe unique. « On connaît les besoins, les faiblesses de chaque élève. On ne se met pas la pression, l’apprentissage sur le cycle prend ici tout son sens. Et puis on a des relations particulières avec les élèves et leurs parents ». Depuis la rentrée, qui a lieu en août dans cette partie du globe, il n’y a plus d’élèves de CM2. Ils se rendent, dorénavant, à l’école du village principal où une classe de cycle III, incluant la 6e, a été créée. La grande majorité des enfants séjournent dans des familles d’accueil, peu de parents pouvant faire l’aller-retour tous les jours entre les vallées. C’est un peu un sacerdoce pour Tehina. Rares sont les journées qui se terminent lorsque la sonnerie de fin de classe retentit. Ses onze élèves, elle les bichonne : « Je les prends souvent pour leur donner un petit coup de pouce, surtout en lecture ». Elle aide aussi les familles à remplir les documents administratifs, à monter les dossiers de demande de bourse pour les élèves qui iront au collège à la rentrée…

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