Direction : tenir malgré les obstacles

Mis à jour le 09.12.20

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Malgré la surcharge de travail liée à la crise sanitaire, s’adapter en permanence.

À Léo Orville et au Jeu de Paume, deux écoles de Créteil (Val-de-Marne), le directeur et la directrice, malgré la surcharge de travail liée à la crise sanitaire, tentent de s’adapter en permanence pour maintenir le lien entre les différents partenaires de l’école.

Douze élèves qui entonnent « Joyeux anniversaire Saleha ! », une directrice émue aux larmes. La scène se passe à l’école élémentaire Léo Orville de Créteil (Val-de-Marne), en plein protocole sanitaire renforcé mais Laetitia, l’enseignante de cette classe de CP dédoublée, voulait absolument marquer le coup. Il faut dire que dans cette grande école de treize classes, classée REP, Saleha Amoura, la directrice, tient le cap malgré la tempête.
Pour tous les directeurs et directrices, depuis mars 2020, il n’est pas simple d’occuper cette fonction. Pandémie de Covid-19, fermeture des écoles, confinement, déconfinement, reconfinement… Pas un seul directeur, pas une seule directrice n’imaginait un jour avoir à gérer une telle situation. Mais, comme tous les personnels des écoles, ils s’adaptent.
Directrice depuis neuf ans, Saleha a pu s’appuyer sur son expérience, sa connaissance de l’équipe enseignante, des familles, du personnel communal ainsi que sur la qualité des relations qu’elle entretient avec la municipalité. Pour Cédric Prévost, directeur de l’école maternelle du Jeu de Paume appartenant au même groupe scolaire, cela n’a pas été aussi simple. Nommé en septembre, il fait fonction sur le poste. « Je me suis lancé dans l’aventure, j’avais besoin d’un nouveau challenge, de nouvelles missions. Et finalement, cette proposition est arrivée au bon moment », explique-t-il. Un choix qu’il ne regrette pas malgré la charge de travail. Déchargé à mi-temps, il a la classe de petite section les lundis et mardis, la direction les jeudis et vendredis. « Je ne me sens pas acculé, même si mes journées sont bien remplies », ajoute-t-il. Il a eu la chance d’être bien accueilli par l’équipe enseignante déjà en place mais aussi par la ville de Créteil, très réactive selon lui, « un vrai plus lorsque l’on occupe cette fonction ».

Une rentrée plus sereine

« En mars dernier, comme tous les Français, on avait peur, on ne comprenait pas ce qui nous tombait dessus », confie Saleha, « mais aujourd’hui, on a un peu plus de recul. La peur de perdre nos élèves, pour qui le confinement a été très difficile, l’emporte sur la peur du virus ». Pourtant, Saleha est une « personne vulnérable », comme trois de ses collègues. Elles ont demandé et obtenu des masques de type 2, qui protègent davantage, et toutes ont décidé, malgré le risque, de continuer à travailler en présentiel. « Saleha a tout chapeauté, affirme Sabrina, enseignante. Même si nous discutons et décidons ensemble, elle lit tous les documents et nous propose plusieurs scenarii. Elle est le relais nécessaire pour la mise en place des différentes directives. C’est grâce à elle que l’école survit ».
Même son de cloche du côté des familles. Pour Hanan, la maman de Sana, « c’est la directrice qui m’a rassurée, je n’avais pas remis mes enfants à l’école avant l’été. J’étais terrifiée, l’un de mes neveux est mort de la Covid-19. Mais elle a su trouver les mots ». « Si cela se passe bien, si nous sommes rassurés, c’est parce que nous plaçons toute notre confiance dans les équipes, ajoute Yasmina Ouadira, parent d’élève élue. Cela fait des années que l’on travaille ensemble. Il y a une vraie cohésion entre enseignants, directrice, municipalité et parents ». Du côté du périscolaire, Maria Hernandez, responsable, affiche la même satisfaction : « Nous travaillons ensemble pour qu’il y ait une cohérence sur les différents temps de l’enfant ». Une formule qui fonctionne puisque lorsque deux élèves ont été atteints de la Covid-19, aucun autre élève n’a été contaminé, la directrice et Maria ayant pensé à la constitution des groupes ensemble sur tous les temps pour limiter le brassage.
Pour Patrice Deprez, conseillère municipale siégeant au conseil d’école du groupe scolaire, la qualité du lien qui l’unit aux deux directeurs mais aussi celle entre la collectivité et les deux inspecteurs de circonscription de la ville de Créteil, sont fondamentales. « Nous, en tant que collectivité, avons organisé plusieurs réunions avec les inspecteurs et les directions d’école, explique-t-elle. Nous tenions à ce que tout soit mis en place pour protéger les élèves, nos personnels mais aussi les enseignants. Nous avons envoyé des équipes pour tracer au sol le sens de circulation, nous avons fourni masques et gel hydroalcoolique et sommes à l’écoute des demandes des directions avec qui nous sommes régulièrement en lien ».

Aucun projet pédagogique lancé

Finalement, si cela fonctionne tant bien que mal dans ces écoles, c’est parce que le lien avec les différents partenaires de l’école est déjà construit, la communication fluide et les équipes stables. Pour autant, Saleha et Cédric reconnaissent que beaucoup de dossiers souffrent de cette surcharge considérable de travail et sont laissés de côté car jugés non urgents. Les mails non ouverts se chiffrent par centaines, des outils administratifs, comme la liste des PAI à afficher dans les classes, ne sont toujours pas construits… Quant aux différents projets pédagogiques, aucun n’est lancé. « Cette année, je ne peux même pas prendre de groupes d’élèves », soupire Saleha.
Alors oui, les directeurs et directrices survivent, arrivent à tenir le cap mais seulement grâce au collectif et au détriment du cœur de leur métier : la pédagogie.

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Réponses insuffisantes : « Stop surcharge »

Après une longue interruption de plusieurs semaines, un groupe de travail sur les conditions de travail des directeurs et directrices s’est tenu le 24 novembre dernier. Il réunissait l’administration et les différentes organisations syndicales. Et les premières annonces sont décevantes : 600 postes et 21 millions d’euros à répartir entre les 44 500 écoles pour financer décharges supplémentaires et revalorisation. La situation exceptionnelle vécue par les directeurs et directrices demande pourtant des moyens conséquents et non le saupoudrage auquel se livre pour l’heure la rue de Grenelle. Depuis mars dernier, directrices et directeurs font face à une situation exceptionnelle. La rentrée du 2 novembre a été particulièrement compliquée : mise en place du niveau deux du protocole sanitaire et du plan « urgence attentat », ordres et contre-ordres concernant l’hommage à Samuel Paty…
Le SNUipp-FSU demande, dans le cadre d’un plan d’urgence pour l’école, des moyens à la hauteur des enjeux et besoins : allègement réel des tâches, aide statutaire formée au fonctionnement de l’école, augmentation du temps de décharge de toutes les écoles, pas d’école sans décharge et enfin une nécessaire et réelle revalorisation. Le SNUipp-FSU invite directeurs et directrices à se saisir de la campagne « STOP surcharge : ce sera dans la mesure du possible ». Une campagne qui les appelle à faire le tri entre ce qui est nécessaire au bon fonctionnement de l’école et ce qui l’est moins.

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