Décrypter les héritages

Mis à jour le 05.03.22

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Reportage à Paris où l'enseignante fait le lien entre esclavage et colonisation

Emilie Tabaries permet à ses élèves de l’école Legendre (Paris) de comprendre comment faire le lien entre esclavage et colonisation.

À l’école Legendre dans le 17e arrondissement de Paris, Emilie Tabaries tisse des liens entre les passés coloniaux et esclavagistes sur lesquels « on ne peut pas aller trop vite ». Sa séance d’histoire commence par l’anecdote de Christophe Colomb, navigateur mandaté par le royaume d’Espagne, qui pense découvrir l’Inde en arrivant en Amérique, ce qui donnera par exemple le nom de « blé d’Inde » au maïs. Elle projette sur l’écran une carte du monde de l’époque, amenant ses CM1 à remarquer combien les contours de l’Europe sont bien tracés à l’inverse des autres parties du monde. « C’est comme si c’était à la fois une carte de terres connues et inconnues », commente un élève. Émilie alterne histoire narrée et interactions avec les élèves en s’appuyant sur divers documents. Les élèves perçoivent l’amélioration de la connaissance du monde grâce aux grandes découvertes. Mais très vite, ils et elles comprennent qu’il s’agit aussi d’une conquête de territoires. Un tableau de l’explorateur arrivant en Amérique lance les remarques qui vont construire une analyse de ce temps historique : « Au centre, ça doit être Christophe Colomb car, lui, il a de beaux habits. » « Ils n’ont pas les mêmes armes, les Indiens (que l’enseignante requalifiera d’Amérindiens) n’ont que des arcs et des flèches. » « Ils sont agenouillés devant lui et lui offrent des cadeaux. » « C’est bizarre de se promener avec une croix énorme ! » Malgré une trame préétablie, ce sont ces observations d’élèves qui orientent la leçon pour questionner les notions de cultures différentes, d’évangélisation, de migration des peuples et du changement de mode de vie lorsque les Amérindiens vont devoir se réfugier vers le centre des terres, ou encore des droits de l’homme face à cette colonisation. « Cette thématique est toujours à la frontière de trois disciplines : la géographie, l’histoire et l’EMC », confirme Émilie. 

Vers une histoire humaine

La fin de la séance va porter sur les besoins de main d’œuvre pour exploiter les ressources des produits exotiques découverts. Montrer que l’esclavage découle de cette colonisation. Pour l’enseignante, les événements historiques permettent de « comprendre l’organisation des territoires actuels, la constitution de leur population, en particulier dans les départements et régions d’outre-mer ». Elle note que les manuels traitent trop brièvement de cette question, avec parfois un simple schéma de commerce triangulaire. A contrario, elle a décidé de l’aborder par des témoignages d’enfants noirs enlevés et déportés dans les Antilles. Émilie souligne que « permettre une projection, en veillant à traiter l’émotion des enfants, c’est questionner l’histoire, nos héritages, en lui donnant une dimension humaine ».

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