De l'eau à leur moulin
Mis à jour le 03.09.19
min de lecture
Des élèves à la recherche du patrimoine humain et culturel de leur village des Vosges (88)
Le projet « Moulins et machines au fil de l’eau » que proposaient en septembre les Archives départementales des Vosges avait de quoi séduire Anthony Curien, le maître de la petite classe de CE-CM de l’école des Bas-Rupt à Gérardmer. Les nombreux cours d’eau de ce département montagneux furent pendant de longues années la seule source d’énergie au développement de l’activité humaine. C’est donc par une étude de la cartographie des ruisseaux autour de l’école nichée aux pieds des pistes que les recherches ont commencé. « Après on a fait une enquête pour recenser toutes les machines implantées ici et qui fonctionnaient à la force hydraulique », explique Margaux. Et juste à côté du village, ils découvrent que le Bouchot alimentait à la fin du 19e siècle la turbine d’une usine à lacets. En novembre, une visite aux archives permet de préciser les choses. « On a trouvé une lettre de Monsieur Creusot, le directeur de l’usine qui écrit au préfet en 1890 pour avoir l’autorisation de modifier le moteur de la turbine », poursuit Basile. Les recherches ont permis de voir qu’il n’y avait pas de moulin sur les Bas-Rupt mais des turbines ou des roues à aubes, certaines pour l’usage des fermes et d’autres pour fournir l’énergie aux onze scieries qu’a compté le village avant de toutes disparaître. « Mon grand-oncle connaissait quelqu’un qui travaillait dans l’usine de lacets », témoigne Nestor qui a interrogé Dada, 80 ans, la mémoire des Bas-Rupts. La collecte de documents d’archives dans les familles, photos, lettres permet de dessiner l’histoire du village. « On a vu une carte postale des années 20 où tous les ouvriers étaient partis en vacances », raconte Agathe, dont l’arrière-grand-mère qui a près de 100 ans, a elle aussi connu des ouvriers de l’usine.
Faire du lien
L’enseignant fait le lien avec les sciences mais aussi l’économie du petit territoire. Pour mieux comprendre le fonctionnement des turbines les élèves visitent celles installées au Kertoff et apprennent qu’elles fournissent de l’électricité à la ville de Gérardmer, qui la revend ensuite à EDF. La scierie traditionnelle de Lançoir, désaffectée et gérée désormais par une association, leur permet de redécouvrir un haut-fer et le travail des « sagards » (scieurs en allemand) que beaucoup de leurs aïeux ont pratiqué. L’arrière-grand-père de Basile maniait même la « schlitte », sorte de grosse luge pour descendre le bois de la montagne. Aline de son côté, évoque la tourbière que sa famille possédait au temps où la tourbe était utilisée comme combustible. Elliott, lui, complète le tableau, en rappelant qu’avant, ici, il y avait « des usines textiles et des usines de blanchiment ». Beaucoup de recherches et des échanges intergénérationnels qui auront permis aux élèves une plongée, un peu nostalgique, dans leur patrimoine culturel local.
