Crèche : donner plus à ceux qui ont moins

Mis à jour le 07.09.17

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La preuve du bénéfice de la fréquentation de lieux éducatifs tels que les crèches n’est plus à faire, mais ce sont ceux qui en auraient le plus besoin qui en bénéficient le moins.

Un enfant issu de famille aisée a 4,5 fois plus de chances de bénéficier d’une place en crèche en France qu’un enfant né dans une famille pauvre, déplore un rapport de l’institut Terra Nova publié en juin dernier sur le sujet. Alors que l’accès à ce mode de garde représente un coût important pour la collectivité, il profite d’abord aux couples bi-actifs vivant dans des quartiers ou régions plutôt favorisés. « À l’intérieur d’une même région, les départements les plus pauvres sont souvent les moins bien dotés. Paris et les Hauts-de-Seine bénéficient de capacités nettement supérieures à celle de la Seine- Saint-Denis ou du Val d’Oise », note le rapport. En cause, un système qui privilégie une offre d’accueil prenant surtout en compte les besoins de garde plutôt que les besoins éducatifs des jeunes enfants. Or, de ce point de vue, ce sont ceux qui en ont le plus besoin pour leur future scolarisation qui profitent le moins des projets pédagogiques menés dans les crèches. Un constat qui conduit les auteurs à préconiser leur développement en milieu rural et dans les quartiers populaires. Le rapport de l’institut s’appuie sur deux études américaines commencées avec des enfants nés au début des années 60 et 70 et qui avec un suivi longitudinal de plus de 40 années, ont permis de montrer les effets d’une intervention éducative forte auprès des enfants et de leurs parents dès leur première année.

Agir massivement au plus tôt

Des bénéfices extrêmement intéressants ont été mesurés sur le niveau de langage, la scolarité, le niveau de salaire ou encore les infractions judiciaires commises. Les résultats sont saisissants avec par exemple près de 20 % d’écart de salaire par rapport au groupe témoin ou encore 35 % de mieux sur la maîtrise des compétences de base à 14 ans. C’est donc à un changement de logiciel qu’invitent les auteurs de ce rapport. « Les politiques publiques en direction de la petite enfance doivent mettre davantage l’accent sur l’importance du développement psychomoteur et social des enfants et pas seulement sur les questions de santé et de sécurité ». Les dépenses de financement de tels programmes seraient très inférieures au coût social et économique que génère sur le long terme le système actuel, selon le prix Nobel d’économie James Heckman, cité dans le rapport.

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