Des évaluations classantes

Mis à jour le 01.09.18

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Pour Bernard Rey, Professeur d'université en Sciences de l'éducation, les évaluations nationales permettent seulement de comparer les élèves entre eux. Elles ne constituent pas un outil pour comprendre et remédier à l'origine de leurs erreurs.

Des évaluations standardisées en CP et CE1 l’an prochain. Peut-on craindre une dérive à l’anglo-saxonne ?

Oui. Les évaluations standardisées, faites d’épreuves conçues avec des critères et indicateurs nationaux, permettent de comparer les résultats des élèves entre eux. Or ce qui est utile à l’apprentissage d’un élève c’est d’avoir des indications sur ce qu’il a compris ou non, sur l’origine de ses erreurs.
Les épreuves telles qu’elles sont conçues permettront des comparaisons entre élèves, classes, écoles, régions. On n’ajuste donc pas la pédagogie pour faire réussir mais on classe les élèves en fonction de leur niveau et cela permet de commander leur fonction dans la société. Elles ont une fonction « classante ». Cela correspond au « New public management » qui est en effet d’origine anglo-saxonne.

« Ce qui est utile à l’apprentissage d’un élève c’est d’avoir des indications sur ce qu’il a compris ou non, sur l’origine de ses erreurs »

Que peuvent faire les enseignants pour l’éviter ? 

C’est compliqué. Collectivement ils peuvent exiger que les résultats ne soient pas rendus publics. Cela évitera la stigmatisation. Mais cela nécessite un réel rapport de force.
Individuellement les enseignants risquent de préparer les enfants aux épreuves. C’est le risque du bachotage. Mais cela enlève l’intérêt de la comparaison. Ils entraîneront les élèves et ne sont plus concepteurs mais exécutants. Or l’école doit avoir une autre ambition.