Et en formation ?

Mis à jour le 23.11.22

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itv de Cécile Berterreix, PE et formatrice Inspe à l'Université de Bordeaux

Cécile Berterreix est PE et formatrice Inspe à l'Université de Bordeaux

FsC 486  Dossier Cécile Berterreix ©MILLERAND-NAJA

Quel sens prend la liberté pédagogique en formation initiale ? 

En formation initiale et en début de carrière, la conscience d’une liberté pédagogique, voire sa revendication sont pour le moins absentes. D'une part, la formation initiale actuelle est fortement contrainte en termes de contenus et d’attendus avec le triple objectif du master, du concours et de l’apprentissage « en pratique » du métier d'enseignant soumis lui aussi à validation. La liberté pédagogique semble toute « jalonnée » donc, du fait d’une visée d’acquisition du métier, adossée à ces fortes exigences en formation initiale. D'autre part, les étudiants-enseignants sont réellement en attente de savoirs pratiques, d’astuces, de « savoir-faire ». La liberté pédagogique ne s’apparente pas encore à l’idée d’une émancipation, entendue comme l’affirmation de son expérience et de son identité professionnelle. 

Est-ce différent en formation continue ?

Le travail de recherche mené dans le cadre du chantier travail du SNUipp-FSU m’amène plus spécifiquement à étudier des dynamiques de collectifs d’enseignants engagés en formation continue, au sein d’établissements ou de réseaux. Pour de nombreux chercheurs, se développer, éprouver de la satisfaction, être en bonne santé au travail implique la possibilité d’identifier et d’ouvrir des controverses sur des problèmes de métier, d’analyser et d’envisager collectivement des manières de faire, de discuter ou « disputer » au sens d'Yves Clot les critères du travail « bien fait ». De fait, la liberté pédagogique prend un autre sens ici. Un sens plus répandu. Elle est synonyme de choix conscients, raisonnés, adaptés de la part d'enseignants concepteurs de leur métier.

Quels liens entre liberté pédagogique et nouvelles formes de formation continue ?

Le Code de l’éducation précise le cadre d'exercice de la liberté pédagogique de l’enseignant. Qui décide alors des critères du travail bien fait ? Enseignant, collectif, inspecteurs ? Comme l’écrit François Daniellou dans ses travaux de recherche, une prescription ne dit jamais tout. Exercer sa liberté pédagogique relève ainsi d'un savoir-faire enseignant pour traduire en contexte les prescriptions. Une forte tension existe donc entre l’horizontalité affichée concernant le travail individuel et collectif et l’organisation verticale du travail, incluant les injonctions sur les bonnes pratiques. Si cette tension a toujours existé, le curseur varie sensiblement en fonction des ministres, de l’évolution des prescriptions et de l’organisation du système éducatif. La mise en place des « constellations » illustre cette tension. L’organisation du travail semble à première vue plus « horizontale » mais le travail enseignant étant étroitement guidé par une logique de résultats aux évaluations nationales et internationales, on assiste dans le même temps à la volonté d'une diffusion de bonnes pratiques via la parution de guides nationaux, de recommandations sur les manuels ou sur les pratiques à bannir, en lecture par exemple.

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