C. Lelièvre : "Pas de petits chefs"

Mis à jour le 16.11.18

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La profession ne veut pas de directeurs "courroies de transmission" du ministère

Y A-T-IL UNE PARTICULARITÉ FRANÇAISE DE LA DIRECTION D’ÉCOLE ?

Au départ, sous la IIIe République, il y avait un directeur d’un côté et de l’autre des adjoints, c’était très hiérarchisé. Le premier devait avoir un brevet supérieur et les autres un brevet simple, soit entre deux et trois années d’étude de différence. Il faut attendre 1908 pour la création officielle du conseil des maîtres et un partage du pouvoir sur des questions pédagogiques. C’est un élément très important, constitutif du corps des enseignants du primaire. On passe de l’idée d’un qui sait mieux que les autres qui n’ont plus qu’à obéir à une collaboration entre les maîtres. Il n’y a plus un directeur « petit père des peuples » mais un « pair parmi les pairs ». C’est une conquête de la profession qui a perduré jusqu’à maintenant.

COMMENT CE SYSTÈME « SANS CHEF » FONCTIONNE-T-IL ?

Cela fonctionne car la notion d’établissement n’existe pas, la moitié des écoles ont cinq classes ou moins. Ensuite parce que tous sont des enseignants polyvalents et cela donne une souplesse de fonctionnement. L’autre modèle, celui du secondaire, date de Napoléon avec une structure hiérarchique très forte qui sépare d’un côté l’administration et la coercition – le chef d’établissement, le CPE – et de l’autre l’enseignement. Loin de diminuer les tensions, ce fonctionnement les accentue car chacun estime que l’autre ne le considère pas. À chaque tentative de la droite d’imposer ce modèle, en 1977 ou 1987, il y a eu une forte opposition de la profession très attachée à sa liberté pédagogique et qui ne veut pas de petits chefs courroies de transmission du ministre. C’est encore plus le cas maintenant avec des professeurs des écoles à haut niveau de recrutement. 

COMMENT MIEUX RECONNAÎTRE LA DIRECTION ? 

Il faudrait améliorer indemnités, temps de décharge, aide administrative mais aussi institutionnaliser des collèges de directeurs, des moments où ils sont rassemblés qui leur permettent d’échanger sur des situations et les solutions possibles. Ensuite, développer une authentique formation continue pour accom­pagner les changements d’école, de lieux, de lois. Il y a une confusion actuelle entre le besoin de valorisation et d’aide des directeurs et l’idée qu’un statut de chef d’établissement serait la solution. Une certaine idéologie de type libéral pense que les questions d’éducation peuvent se résoudre par la concurrence et le management. Au contraire, l’école a besoin de pédagogie, de collectif et de coopération. Pas d’une bureaucratie injonctive.

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