Biodiversité : du Japon au Poitou

Mis à jour le 23.05.21

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Reportage à St Benoit (Vienne) où une forêt urbaine a vu le jour dans une école

À Saint-Benoît, dans la Vienne, une forêt urbaine a vu le jour dans une école. Cette commune de 7450 habitants aux portes de Poitiers préserve un cadre de vie agréable, met en valeur et prend soin de son environnement proche.

Branle-bas de combat à l’école élémentaire de l’Ermitage à Saint-Benoît dans la Vienne (86). Le gaillet gratteron, une petite plante rampante, a envahi la prairie et risque de coloniser la mini forêt urbaine de l’école. « Il faut l’arracher parce qu’il y en a beaucoup trop et il ne va plus y avoir de place pour les autres plantes, explique Yani, élève de CM2. Ça met en danger notre forêt ! ». Sous les yeux des enfants se joue une véritable bataille entre les différentes espèces végétales présentes dans la cour de l’école. Cette mini forêt urbaine est née après avoir interrogé la communauté éducative sur la cour idéale. Plus de 70% des réponses demandaient de la végétation. « Ce n’est pas surprenant vu que la cour de l’école est très bitumée mais on ne s’attendait pas à ce que les réponses soient aussi unanimes et nombreuses », confie Stéphanie Straebler, directrice de l’école. L’équipe enseignante décide de planter une forêt en suivant la méthode Miyawaki, botaniste japonais : planter de façon très dense trois arbres en moyenne par mètre carré et associer dans chaque mètre carré chacune des trois strates d’une forêt naturelle (arbuste, arbre de taille moyenne et grand arbre), le tout avec les espèces présentes dans l’environnement proche. « L’objectif est l’éducation au développement durable, le respect et l’entretien de la nature, un projet sur le long terme », rapporte la directrice. Un choix plébiscité par les familles. « La réponse est formidable, c’est merveilleux de voir du vivant dans l’école, précise Stéphanie Winter, maman d’élève. Les enfants ne connaissent pas forcément les arbres et les plantes, même si l’on est dans une commune très verte ».

Des rôles complémentaires

Pour construire ce projet ambitieux, différents acteurs ont travaillé de concert. Patrice Moreau, garde forestier, a fait un relevé des plantes locales dans les endroits les plus préservés de Saint-Benoît. Il a constitué un catalogue qui a servi de support au service des espaces verts pour fournir l’école en arbres et arbustes. Les services techniques ont réalisé les plans, commandé les végétaux, décaissé la cour de l’école et apporté de la terre. « On a aussi aidé à la plantation et installé une clôture pour éviter que les ballons ne viennent abîmer les jeunes arbres, souligne Michel Lagarde, responsable des espaces verts. Maintenant, on a surtout une fonction de veille et de conseil ». Pour l’équipe enseignante, cette rencontre entre deux professionnels avec des rôles différents a été très enrichissante. « Nous avons assisté à des discussions de spécialistes, nous ne comprenions pas tout le vocabulaire employé, ajoute Stéphanie Straebler. C’est une remise en question très forte de notre propre savoir. Nous nous sommes adaptés et auto-formés en botanique.» Pour Michel, s’investir dans un tel projet s’inscrit dans « une volonté de partage pour mieux vivre. Ce sont les enfants qui vont gérer les espaces des villes plus tard. Si on les sensibilise dès leur plus jeune âge à la protection de la nature et à son fonctionnement, on aura des espaces agréables à vivre. C’est un pari sur l’avenir ».

Préserver un cadre de vie

Ce n’est pas un hasard si un tel projet a vu le jour dans cette commune, appelée autrefois Quinçay-les-Plaisirs, lieu de promenade de tous les Poitevins. Située sur deux rivières, elle offre un cadre de vie privilégié avec de nombreuses surfaces boisées, parcs et sentiers pédestres. «Vivre et prendre soin de l’environnement est une tradition à Saint-Benoît », rappelle le maire Bernard Peterlongo. Des politiques de développement durable y sont, en effet, menées depuis longtemps. « Les écoles font partie des actions prioritaires de la municipalité mais nous sommes aussi engagés dans de multiples projets pour mieux vivre », complète-t-il. Ainsi, une commission composée d’élus et de citoyens planche sur cinq grands thèmes liés à la transition écologique : économie d’énergie des bâtiments, biodiversité du territoire, santé et alimentation, transport et gestion des déchets. « Nous avons été avant-gardistes dans l’éclairage public, avec la mise en place des éclairages à led il y a 10 ans », indique Philippe Levet, directeur des services techniques. Différentes actions sont réalisées comme la sauvegarde des berges avec le développement des jardins familiaux en bordure de rivière, les déplacements doux et solidaires, l’utilisation de produits bio et des circuits courts pour les cantines scolaires ou encore la mise en valeur du patrimoine local avec la création du jardin d’images. Un jardin qui allie nature et culture et qui a reçu en 2019 le prix national de mise en valeur du patrimoine. « Seules trois communes en France ont reçu ce prix », annonce fièrement le maire.

Aller encore plus loin

L’objectif de la commune est de poursuivre la sauvegarde et la mise en valeur de cet écrin de verdure tout en favorisant le développement économique. Des travaux de rénovation, attendus de longue date par les enseignantes, sont prévus lors du prochain mandat dans l’école maternelle Irma Jouenne. À l’école de l’Ermitage, un projet de classe en forme d’amphithéâtre, en extérieur, est en cours avec l’aide de la Région Nouvelle-Aquitaine. « L’idée est de pouvoir recevoir à l’école d’autres classes mais aussi, hors temps scolaire, des familles pour échanger sur des thématiques, explique la directrice. Des scientifiques nous ont contactés pour nous proposer de faire de la vulgarisation sur la biodiversité auprès des parents ou des habitants du quartier ». Un moyen supplémentaire pour sensibiliser à la protection de l’environnement, faire rencontrer des gens différents qui ont des intérêts communs sur des sujets d’avenir et qui concernera plusieurs générations de familles et d’élèves. La mairie souhaite également que la gare fonctionne à nouveau. « Depuis 30 ans, pas un seul train ne s’est arrêté à Saint-Benoît. Or, il faut 4 minutes pour se rendre à Poitiers en train contre 30 en voiture, sans compter la pollution et les difficultés de stationnement », remarque le maire. À l’heure des changements climatiques, cette réflexion arrive à point nommé.

Reportage biodiversité

FOCUS : Signal d'alarme

« La destruction du vivant par l’humanité a des conséquences catastrophiques, non seulement sur les populations d’animaux sauvages mais aussi sur la santé humaine et sur tous les autres aspects de notre vie », affirme le rapport Planète vivante 2020 de WWF (Fonds mondial pour la nature). Un signal d’alarme qui dénonce l’activité humaine croissante, irrespectueuse de l’environnement, détruisant ou dégradant des forêts, des prairies, des zones humides et autres écosystèmes vitaux. Pollution, surexploitation des ressources, reconversion d’habitats vierges en systèmes agricoles mettent en danger la biodiversité et par voie de conséquence le bien-être de toutes et tous. En moyenne, 68 % des populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons suivis entre 1970 et 2016 sont en déclin. Enrayer la perte de biodiversité est donc une urgence. Le rapport préconise de mettre l’accent à la fois sur la conservation de la nature et la transformation du système alimentaire actuel.
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