Comment parler de la guerre aux enfants? 3 questions à Hélène Romano

Mis à jour le 04.03.22

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Parler de la guerre aux enfants est une nécessité "pour éviter de laisser les enfants dans le vide sinon ils vont essayer de donner du sens à des choses qui n’en n’ont pas pour eux, se sentir responsables".

QUEL IMPACT PEUT AVOIR LA GUERRE EN UKRAINE SUR LES ENFANTS EN FRANCE ?

Il y a un risque d’impacts anxieux majeurs et ce d’autant plus que ce conflit s’inscrit dans un contexte où il y a déjà plus de 40% de troubles anxieux chez les enfants français, niveaux maternelle et élémentaire confondus, du fait de la pandémie. Sachant qu’on a une population d’enfants qui a vécu les attentats, ce qui se passe en Ukraine vient se surajouter à un terrain déjà fragile avec le risque de majorer les troubles existants : cauchemars, troubles alimentaires, du sommeil, d’attention, de concentration, dépressifs, perte de l’élan vital…

FAUT-IL LEUR PARLER DE LA GUERRE ?

Oui, car à moins de vivre dans une bulle, les enfants ont une vie sociale, ils perçoivent les évènements, entendent les adultes, voient des images, échangent en récré. Il faut en parler pour éviter de laisser les enfants dans le vide sinon ils vont essayer de donner du sens à des choses qui n’en n’ont pas pour eux, se sentir responsables. Il est important de nommer les choses, d’utiliser le terme « guerre », d’expliquer que des gens se battent pour un territoire et que la guerre a toujours existé et qu’elle prend fin à un moment ou un autre. Leur dire aussi qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y aura toujours des gens qui cherchent la paix et sont présents pour eux.

QUELS CONSEILS POUR LES ENSEIGNANTS ?

Le premier conseil est de ne pas rester seul, d’échanger avant d’aborder le sujet en classe, se mettre à deux par exemple pour expliquer aux élèves la situation et répondre à leurs questions. Il est essentiel de partir de ce que les enfants ont compris, les écouter sans juger, les aider à décrypter, à mettre en récit sans les obliger à parler, sans montrer d’images traumatisantes. Il faut aussi dans le même temps associer les parents, leur expliquer ce qu’on va dire ou ce qui a été dit à l’école. Les enseignants doivent faire ce qu’ils peuvent, on leur en demande toujours beaucoup. S’ils ne se sentent pas capables, il ne faut pas s’obliger.