Services publics

Mis à jour le 29.11.23

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Itv de Julie Gervais, politiste et co-auteure de "La valeur du service public"

Julie Gervais est politiste et auteure avec W. Pelletier et C. Lemercier de« La valeur du service public » (La Découverte, 2021).

FsC 494 Julie Gervais© Pascal Levy Pantheon- Sorbonne

Quelle dégradation des services publics ? 

Elle est continue depuis une trentaine d’années avec des formes d’accélération plus récentes, du fait de l’accumulation de réformes dites « modernisatrices » qui font craquer le système. Un impératif managérial - réduction des dépenses publiques, rentabilité, performances - s’est développé au cours des années. Il s’est beaucoup diffusé par la formation des élites. On leur enseigne une version abstraite, très comptable et gestionnaire de l’action publique dans les grandes écoles. Cela passe aussi par les carrières et les modalités d’accès au sommet de l’administration.

Et en matière d'éducation ?

Au-delà de son désengagement, l’État a aussi fait sien le logiciel managérial, qui impose les principes de fonctionnement du secteur privé au public. Il s’est progressivement encastré dans la sphère marchande. Un enfant scolarisé, c’est une dépense publique. L’impératif managérial impose de faire des économies, d’où la diminution des moyens humains et matériels à l’école, le recours croissant à des agents contractuels... Les missions s’étendent mais les enveloppes budgétaires restent stables ou diminuent. Cela affecte le sens même du travail enseignant. Celles et ceux qui le peuvent vont fuir l’école publique empêchée de rendre les missions qui lui incombent. C’est aussi en amont que cela peut profiter au secteur privé et aux cabinets
de conseil pour qui la « modernisation » de l’école est une manne financière.

Pourquoi les sauver ? 

Parce qu’ils sont plébiscités. Il y a un véritable attachement de la population. Les services publics parlent à l’imaginaire et relèvent de notre quotidien ; ils ont un impact sur la vie concrète des gens. Ce n’est pas anodin politiquement si on veut proposer un projet alternatif. Ensuite, parce qu’ils tiennent tout. S’ils sont dégradés, cela fragilise l’ensemble de la société, avec un effet domino qui affecte aussi l’économie et la politique. Enfin, ils sont un contre projet dans leurs principes, fondamentalement modernes : vecteurs d’égalité entre les territoires, entre les personnes. Ils offrent des protections sociales sans discrimination d’origine, permettent le mélange social et garantissent l’égalité femmes-hommes… Dans un monde qui se fracture, c’est fondamental.

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