"Réfléchir et agir ensemble "

Mis à jour le 23.03.21

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Interview de Marie Toullec-Théry, sciences de l'éducation, à propos du travail collectif

Marie Toullec-Théry est maîtresse de conférences en sciences de l'Education

Toullec Théry

Quel bilan faites-vous des dispositifs plus de maîtres et des dédoublements de classe ?

Les enseignants n’ont pas considéré le dispositif Plus de maîtres (PDM) comme « encore un dispositif de plus », ils l’ont plébiscité. C’est assez rare pour être souligné. Le partage nécessaire entre enseignants a permis de parler à nouveau de pédagogie, ce qui reste encore peu courant. Observateur des pratiques, entrant dans beaucoup de classes, le PDM est devenu une ressource. Il a impulsé une meilleure cohérence des outils, des manuels, des pratiques… Toutefois, tous souhaitaient en bénéficier, ce qui a créé une dilution et une dispersion des actions. Sa recentration sur le cycle 2 a été bénéfique. La mise en place des dédoublements a refermé beaucoup de portes de classes et souvent les pratiques individuelles historiques ont repris. Or, la seule diminution des effectifs ne suffit pas à répondre aux difficultés des élèves. La clé réside en la modification des manières de faire.

Quels sont les atouts et les obstacles du travail collectif ?

Réfléchir aux actions destinées à tous les élèves et agir ensemble, fait produire aux enseignants des références communes, trouver des accords sur les compétences prioritaires à travailler. On apprend ainsi des autres. Un travail d’équipe donne à voir les pratiques, leurs effets, leur plus ou moins grande efficacité. Les enseignants sont alors en mesure de proposer des modifications de la forme scolaire ordinaire qui reste souvent « un maître = une classe ». C’est aussi un moyen de ne pas les laisser seuls face à leurs difficultés avec certains élèves. Pour que cette dynamique collective fonctionne, chacun doit pouvoir y contribuer, s’exprimer, proposer. Il s’agit également de faire en sorte que les organisations ne soient pas trop chronophages et de bénéficier de temps de concertation inclus dans les horaires de travail. La stabilité des équipes est aussi cruciale.

Quelle place cela doit prendre dans la formation enseignante ?

Travailler en équipe s’apprend. L’IEN a un rôle à jouer pour impulser cette dynamique d’équipe. Une formation au niveau des écoles, engagerait, dans un cadre rassurant, les enseignants à un développement professionnel. Des moyens pour aller observer dans d’autres classes seraient pertinents. Des séances envisagées ensemble, mises en place puis retravaillées sous certains aspects, donneraient la possibilité à la fois de consolider et d’ouvrir l’éventail de ses pratiques. Les formateurs mériteraient aussi d’être formés à ce travail collectif : il est, en effet, moins chronophage et plus efficace de travailler avec plusieurs enseignants qu’avec un seul. De plus, travailler avec une équipe permet de toucher tous les enseignants et pas seulement les novices ou les personnels avec des difficultés.

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