"...dynamique des interactions sociales"

Mis à jour le 07.09.23

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Itv de Maxime Travert, professeur des université et responsable de master MEEF EPS

Maxime Travert, professeur des université Staps, responsable du master MEEF EPS, Aix-Marseille Université. Auteur de « L’envers du stade. Le football, la cité et l’école » (L’Harmattan, 2023), il a mené récemment des travaux de recherche sur l’impact de l’activité physique et sportive sur les acquisitions scolaires.

FsC 492 Dossier jeux co Maxime Travert Christine Amans Passaga

EPS et sports : des logiques différentes ? 

Pour interroger le rapport entretenu avec l’EPS, il faut considérer la pluralité des expériences sportives. Deux catégories émergent : celles se déroulant dans le domaine public, en club et à l’école et celles hors de tout cadre institutionnel. Le sport en club et l’EPS sont toutes deux des pratiques fermées et exclusives, imposant un type de fonctionnement particulier. La compétition est la raison d’agir de la pratique en club. L’EPS, elle, vise à acquérir des compétences qui ne sont pas exclusivement motrices, mais également sociales et méthodologiques permettant à l’élève de mieux se situer, vivre, analyser de manière critique son environnement social et culturel. La pratique hors club, quant à elle, est ouverte et inclusive car c’est l’individu qui choisit les raisons de son engagement, soit dans la confrontation à un environnement matériel, à ses propres possibilités ou à un adversaire. Pour que l’EPS puisse se rapprocher de ces formes non instituées, elle doit proposer des activités qui n’imposent pas qu’un type de défi, la compétition, mais laisser à l’élève le choix du défi dans lequel il se réalise le mieux. Pour cela, il lui faut au préalable tous les connaître.

Quelles passerelles possibles entre EPS et sports ? 

Pour envisager ces passerelles entre EPS et mondes du sport, il faut dégager au préalable un enjeu partagé : agir pour que les élèves acquièrent un style, des habitudes, des règles de vie sportives. La recherche montre qu’un certain niveau d’activités physiques permet non seulement de prévenir des maladies, mais également de développer des compétences sociales, psychologiques et améliorer les acquisitions scolaires. Le lien entre EPS et sports ne prend sens que dans cette ambition commune. Celle-ci s’inscrit dans un cercle vertueux car les enfants des adultes ayant adopté un « style de vie physique » pendant leur scolarité ont plus de chances d’entrer dans les pratiques sportives à leur tour. Il s’agit d’un enjeu scolaire car c’est la pratique encadrée, régulière et soutenue qui permet le plus d’atteindre ces objectifs.

Quelle place pour la compétition à l'école de la coopération ? 

La compétition permet de vivre la présence d’un adversaire, variable didactique sur laquelle travailler. Cette présence permet de constater ses propres limites, de jouer avec celles des autres, ce qui est fondamentalement éducatif. Cela permet d’apprendre l’humilité dans la victoire, de ne pas être résigné dans la défaite mais de profiter de l’échec pour construire la voie de la réussite. L’adversité favorise la coopération, l’alliance à un partenaire, mais aussi à un adversaire dans le cadre d’une « coopétition ». Et le score en est un témoin objectif. La compétition n’est donc pas à exclure de l’environnement éducatif de l’EPS, à condition qu’elle respecte le principe de base d’une égalité de chances au départ permettant d’accepter l’inégalité de résultats à la fin. L’individu ne peut pas fonctionner en EPS par seul auto-référencement car la comparaison aux autres est un élément constitutif de la construction de l’identité d’une personne et de sa reconnaissance sociale.

Les sports collectifs forment-ils à la citoyenneté ? 

À l’instar des autres sports, les sports collectifs forment à la citoyenneté en permettant à tous les élèves de vivre de manière dynamique des interactions sociales autour des grands registres de règles : les règles de la société, les règles de vie de l’école, les règles du jeu, faites de droits et devoirs et les règles d’action qui définissent les actions efficaces. La citoyenneté se joue dans cet espace culturel régulé. Il convient de donner du pouvoir aux élèves pour discuter, critiquer, réfléchir, appliquer, contester ces règles de manière cultivée et intelligente. Dans les sports collectifs, deux groupes face à face doivent se structurer, s’organiser et répartir des tâches. Être citoyen dans une pratique sportive collective, c’est respecter le statut d’attaquant ou de défenseur, différent selon les logiques d’action des sports de « démarquage », de « combat » ou de « renvoi ». Accéder à la richesse des sports collectifs implique d’intégrer ces différences.

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