Directrice... d'une équipe

Mis à jour le 10.12.19

min de lecture

Ghislaine Bertrand directrice en Ardèche, a vu se multiplier les tâches administratives

Ghislaine sort tout juste d’une réunion à l’inspection de Tournon-sur-Rhône en Ardèche : « La dernière heure a été consacrée à la direction d’école. Éprouvant. Une de mes collègues s’est mise à pleurer ». La difficulté des directeurs et directrices à assumer tout ce qui leur est demandé a été mis cruellement en lumière par le suicide de Christine Renon à Pantin. « Son geste ne m’a pas étonnée ». Elle-même se sent encore suffisamment forte pour tout mener de front, « Mais il suffit d’un conflit avec un parent, d’un accident pour que tout bascule », admet-elle. Elle sait pouvoir s’appuyer sur son équipe, « toujours partant pour les projets, ça aide beaucoup ».

L’animation d’équipe, avec sa classe de Grande section, c’est la partie du métier qui lui plaît le plus : « monter des projets, les booster ». Ce qui, pour elle, passe par une relation de confiance que briserait un statut hiérarchique. « Des collègues sont tentés par ce statut, pensant que ça leur donnerait une autorité ». Elle préfère asseoir la sienne en s’impliquant chaque jour. « Elle est très à l’écoute », souligne son Atsem Déborah : « C’est une très bonne organisatrice qui veut être au courant de tout ». Marie-Joëlle, la maîtresse de MS-GS ajoute : « Elle prend tout très à cœur. Parfois elle pousse un coup de gueule mais au moins on sait à quoi s’en tenir ». Myriam, arrivée cette année en PS-MS, apprécie « son énergie, son optimisme. Elle ne compte pas ses heures ». Plus de 52 heures par semaine depuis la rentrée, en restant le soir, en revenant à l’école le mercredi. « Ça va parce que mes deux enfants sont grands, commente Ghislaine, mais pour les jeunes parents c’est très dur ». 

Tableaux

Attachée à son travail en classe, elle souhaiterait un allègement de tout l’administratif réclamé plutôt qu’une journée de décharge supplémentaire. « L’informatique est censée nous faciliter la tâche mais en fait elle l’alourdit ». Depuis septembre, elle passe des heures à remplir des tableaux et en viendrait même à regretter le temps du simple registre papier pour inscrire les élèves. « Le logiciel Base élèves nous a multiplié le boulot en fait ». Idem pour le PPMS à mettre à jour chaque année ou encore la plateforme en ligne pour demander des travaux : « Avant on écrivait sur un cahier, les services techniques passaient le mercredi et hop. Maintenant il faut remplir des cases en expliquant bien le 3e toilette situé dans tel bâtiment... On arrive à une déshumanisation du travail ». Et quand un refus arrive en retour : « Il faut rappeler et tout réexpliquer ». 

Ghislaine a commencé institutrice en 1986 dans l’Oise où elle avait suivi son mari prof d’EPS. Quand il est nommé en Ardèche, elle non. Puis trois semaines après la rentrée, elle obtient sa permutation pour un poste en spécialisé près de Lamastre. Ensuite, elle a été maîtresse E et enseignante de CP avant de rejoindre la maternelle Pauline Kergomard dont elle prend la direction. Quatre classes très chargées : 29 élèves en moyenne et une 5e de TPS « avec 15 élèves de 2 ans pour l’instant mais non comptabilisés dans nos effectifs ». Depuis les attentats et les exercices anti-intrusion, il lui est arrivé de faire des cauchemars : « S’il arrivait quelque chose à l’un des 138 élèves, je ne m’en remettrais pas. » Elle a son métier à cœur : « à la fois une passion et par moment une immense fatigue. Une remise en question constante ».

Écrire à la rédaction

Merci de renseigner/corriger les éléments suivants :

  • votre prénom n'a pas été saisi correctement
  • votre nom n'a pas été saisi correctement
  • votre adresse email n'a pas été saisie correctement
  • le sujet n'a pas été saisi correctement
  • votre message n'a pas été saisi correctement

Merci de votre message, nous reviendrons vers vous dès que possible