Mauvais cap pour la Fonction publique

Mis à jour le 06.09.18

min de lecture

Le Premier ministre et Jean-Michel Blanquer ont dévoilé cet été les principaux axes de la réforme de l'Éducation nationale, dans le cadre d'une réforme globale de la Fonction publique. Décryptages et inquiétudes.

La feuille de route gouvernementale concernant l’Éducation nationale vient d’être rendue publique et nombre de points inquiètent. Sous prétexte d’économies, les fonctionnaires, dont les enseignants, sont dans le viseur au travers des quatre chantiers.

« Rénover les instances de dialogue social »

En voulant fusionner les instances, le risque est grand d’en réduire l’importance. Le rôle des CAPD et des CHSCT est pourtant essentiel dans la carrière des personnels concernant leurs affectations, les changements de départements, leur déroulement de carrière ou encore toutes les questions touchant à la  santé au travail.

« Élargir le recours au contrat »

L’objectif a le mérite d’être clair mais avec des incidences graves dans les classes. Recourir à des personnes non formées pour enseigner, en contrat précaire n’est certainement pas ce que porte le SNUipp-FSU. Ce recours va croissant dans les académies et chaque année de nouvelles emboîtent le pas. Il est temps de trouver une solution à la crise de recrutement qui perdure.

« Renforcer la rémunération au mérite »

Dans les écoles, cela passe notamment par la prime REP+ avec une part variable : 1000 € pour toutes et tous mais les 2000 € restant seraient attribués selon les « projets et progrès des élèves ». Sur quels critères ? Le SNUipp-FSU demande un même traitement de tous les PE en éducation prioritaire renforcée.

« Mieux accompagner les évolutions professionnelles »

Si l’idée semble attrayante, derrière l’arbre se cache la forêt des 120 000 suppressions d’emploi prévues par Emmanuel Macron dans la Fonction publique en favorisant les « départs volontaires » et une mobilité qui dans les faits manque de budgets (congés formation…)

La feuille de route de l'Éducation nationale

La feuille de route de l’Éducation nationale adossée à celle de la Fonction publique se décline quant à elle en trois axes. 

Culture de l'évaluation

Tout d’abord la mise en place d’une « culture de l’évaluation » selon les termes ministériels. Des évaluations standardisées s’imposent dans tous les CP et CE1 à cette rentrée, sans concertation et les PE en classe sont réduits à appliquer les consignes strictes puis à remonter les résultats en ligne. Quel objectif ? Quelles suites donner à ces évaluations ? Le SNUipp-FSU rappelle qu’elles doivent être au service des enseignants et des élèves et non un moyen de contrôle.

Fusion d'académies

Deuxième axe : la nouvelle organisation en treize académies pour suivre le découpage en treize régions avec à la clé là aussi des économies de postes.. Le SNUipp-FSU s'oppose à toute dégradation du service public et régionalisation du service public d'éducation.

Postes à profil et autres "ressources humaines"

Enfin, la nouvelle politique de ressources humaines que le gouvernement veut introduire à l’Éducation nationale se traduit par l'augmentation des postes à profil, un pilotage très individualisé de la profession, une formation continue hors temps scolaire…  Des modifications sont prévues pour la formation initiale (place du concours avancée, pré-recrutements sans rémunération, davantage de responsabilité de classe). Sur ces questions le SNUipp-FSU a ses propositions, il entend bien les faire entendre dans les semaines à venir, aux côtés des autres syndicats de la FSU. Les réponses doivent être à la hauteur des enjeux de l’école : réussite scolaire de tous, réduction des inégalités, formation et rémunération des enseignants, inclusion réussie.