Dossier :"Lien école/familles : Ces parents en mal d’école"
Zone urbaine sensible : A Tarbes, on fait le point
18 mars 2013

Dans la préfecture des Hautes-Pyrénées, une structure originale œuvre depuis 3 ans au quotidien pour combler le fossé qui sépare certaines familles de l’école.

Quartier de Laubadère au Nord de Tarbes, une zone urbaine comme tant d’autres où se concentrent les difficultés. 80% de la population d’origine étrangère, un chômage qui avoisine les 50% chez les jeunes, un collège et trois écoles classés en RRS où les enseignants peinent à lutter contre un déterminisme social qui plombe l’avenir de leurs élèves. Mais ici le renoncement n’est pas de mise : en témoignent un habitat réhabilité mais aussi l’engagement de tous les acteurs sociaux. Ainsi un point parents a vu le jour en 2009 pour rapprocher les familles populaires de l’école.

Un sas entre quartier et école

Les locaux du point parents contigus à l’école Jules Verne, jouent symboliquement un rôle de sas entre celle-ci et le quartier. En poussant la porte, on découvre un lieu bien vivant : Exposition d’œuvres et de travaux réalisés par les habitants, salle d’art plastique, bibliothèque, tables de travail occupées par des jeunes en rupture de collège suivis par le CNED. Pour Christèle Lavilanie la médiatrice sociale qui pilote la structure « l’existence d’un lieu neutre est indispensable pour les parents réticents à entrer dans l’école » . Le point parents organise un apprentissage de la langue française qui réunit aujourd’hui une trentaine de mamans. En complément il propose un module pour développer la connaissance des institutions françaises et de nombreuses activités culturelles : arts visuels, informatique, sorties... On y discute beaucoup parentalité, éducation des enfants, accompagnement scolaire, parfois avec les enseignants de l’école dans le cadre de rencontres débats (la dernière traitait des devoirs à la maison). « Grâce au bouche à oreille, essentiel dans le quartier, la fréquentation s’est étendue et aujourd’hui le point parents est le lieu naturel pour les enseignants comme pour les parents pour échanger et parfois résoudre les conflits » . Hélène Ocana, directrice de l’école Jules Verne confirme cette analyse : « on voit plus de familles qu’avant et le point parents permet des échanges moins institutionnalisés, l’attitude des enfants en classe a changé » . Pour l’équipe de l’école, convaincue de la nécessité de travailler avec les familles, la structure est à la fois un recours en cas de problème et un lieu pour échanger et recueillir des informations sur les familles des élèves.

Le relais de la municipalité

Investi par les habitants, reconnu par les enseignants, le point parents s’est fait une place dans le quartier et a fait la preuve de son utilité sociale et éducative. Même s’il achoppe encore sur les difficultés qui se font jour au collège pour des élèves trop nombreux à décrocher et pour lesquels un projet spécifique a vu le jour en 2011. Mis en place grâce à un appel à projet et au financement croisé de plusieurs partenaires (CAF, Conseil général, mairie...), le point parents est devenu structure municipale depuis janvier 2013 et semble en voie de pérennisation.

JPEG - 24.7 ko
En 3 ans d’existence, le point parents a vu sa fréquentation se développer et a trouvé sa place dans le quartier