3 questions à Xavier Leroux, professeur des écoles, docteur en géographie, co-auteur de la collection « Géographie à vivre », Accès éditions
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Quels éléments privilégier dans l’enseignement de la géographie ?
- L’aspect central, qui est souvent négligé dans la plupart des manuels et des pratiques traditionnelles d’enseignement, c’est l’action de l’homme sur son environnement. L’objectif de la géographie n’est pas d’accumuler un savoir figé permettant d’enrichir sa culture générale mais bien de comprendre comment les hommes organisent leurs territoires. Par exemple, si on étudie les fleuves, l’essentiel ne sera pas de connaître la source, la longueur, les bassins versants… On cherchera plutôt à s’intéresser au transport fluvial comparé à d’autres types de transports, aux activités économiques dans les villes traversées…
La progression actuelle est-elle pertinente ?
- La programmation cloisonnée est en contradiction avec l’approche géographique, qui suppose de varier les échelles. De plus, le local n’est pas forcément plus facile à analyser pour les plus jeunes alors que les CM2, qui deviennent plus autonomes, sont plus à même d’en comprendre les dynamiques. Attendre le CM2 pour parler du monde apparaît également délicat. C’est pourquoi je penche plutôt pour une approche par thèmes autour de grands objets d’étude comme les transports, la ville, l’eau qui permettent des allers-retours entre l’environnement proche et des réalités plus lointaines. Cette démarche sur plusieurs échelles permet une structuration progressive des connaissances et des savoir-faire autour de contenus d’apprentissage qui sont le plus souvent complexes et imbriqués les uns dans les autres.
Que pensez-vous des documents proposés aux élèves ?
- Les enfants d’aujourd’hui baignent dans un environnement d’images qui leur donne souvent une représentation fausse et stéréotypée des réalités. Une photo de gratte ciel renvoie immédiatement à New- York, une illustration de la pauvreté est systématiquement associée à un pays du Sud. Notre rôle est d’aider les élèves à dépasser cette vision partielle et étriquée en partant de documents qui suscitent une émotion mais surtout une interrogation. Le rôle de la carte est essentiel en géographie, mais on doit faire comprendre aux élèves qu’elle est une représentation simplifiée de la réalité et que c’est un outil qu’on fait évoluer au fil des connaissances qu’on acquiert. Dans le cas contraire, la pratique de la cartographie risque fort de n’être perçue que comme un simple exercice de coloriage.