Alors que le journal Le Parisien a laissé entendre que l’absentéisme des enseignants est endémique, le SNUipp-FSU affirme, preuves à l’appui, que les enseignants se situent dans la moyenne des salariés. C’est le manque de postes de remplaçants qui pose problème. Une donnée qui nécessite un budget 2015 plus conséquent.
Selon Le Parisien, qui ne cite pas de sources, « l’absentéisme des professeurs est dans la moyenne de la fonction publique d’État (7,3 % de taux d’absence), mais supérieur à celui du privé (4,2 %) ». Une affirmation démentie par une étude du CSA pour Alma consulting datée de septembre 2013 qui faisait état d’une forte augmentation de l’absentéisme au travail en 2012 (+18%), notamment dans le privé, avec une moyenne de 16,6 jours d’absences par salarié. Sur la même période (2012/2013) le bilan social du Ministère de l’Éducation nationale faisait état, lui, d’un absentéisme au travail de 18,6 jours pour les enseignants du premier degré.
Il faut aussi comparer ce qui est comparable. Le Bilan social rappelle que 81% des personnels sont des femmes dont l’âge moyen est de 40 ans. Quand on parle de « l’absentéisme » au primaire il faut prendre en compte le poids indiscutable des congés maternité et adoption (7 jours par an en moyenne) plus important qu’ailleurs dans une profession fortement féminisée. Voilà un constat qui constitue une bonne nouvelle pour la vitalité de notre pays.
En conclusion, les enseignants des écoles ne sont donc pas davantage absents que l’ensemble des salariés. D’une manière générale, il serait temps de regarder l’absentéisme sous un jour nouveau alors que les conditions de travail se dégradent dans le public comme dans le privé. Et si ce n’était pas le travailleur qui était malade mais le travail qu’il faut alors soigner.
En revanche, l’Education Nationale est en incapacité d’assumer correctement les remplacements dans les écoles. Pendant la mandature de Nicolas Sarkozy, ce sont 2541 postes de remplaçants qui ont été supprimés (voir chiffres ci-dessous) soit près de 10 % de l’ensemble des moyens de remplacement. En 2013, 400 postes de remplaçants ont été créés selon le ministère et à cette rentrée 2014, près de 300 selon une estimation du SNUipp. Des chiffres qui montrent l’ampleur du retard à rattraper.
Le SNUipp-FSU, estime qu’il faudrait créer au moins 2000 postes pour revenir aux capacités de remplacement de 2008. Une urgence au regard du nombre de journées de classe non remplacées : plus de 600 000 en 2012-2013 !
Certes, le projet de loi de finances pour 2015 prévoit la création de 2 511 postes pour le primaire. Mais 23 600 élèves supplémentaires sont attendus et plus de 5 000 postes pour le « plus de maîtres que de classes », et 2 400 pour les moins de trois ans sont encore nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par la loi. A cela s’ajoutent des besoins de postes pour la formation continue exsangue et pour assurer une indispensable baisse du nombre d’élèves par classe – nos moyennes étant bien plus importantes que les pays de l’OCDE dans le domaine. Pas de marges de manœuvre non plus, en l’état, pour assurer l’indispensable revalorisation salariale des enseignants des écoles, pour lesquels le SNUipp-FSU revendique dans un premier temps l’alignement de l’ISAE sur l’ISOE de leurs collègues du second degré.
La priorité au primaire est plus que jamais d’actualité. Il est temps de redonner des couleurs à l’école...et aux enseignants. Le SNUipp, avec la FSU, le dira haut et fort le 22 novembre à Paris, à l’occasion d’un rassemblement et d’un meeting qui viendront ponctuer une semaine nationale d’action dédié à la défense et à la promotion des services publics.
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