Noisy-Le-Sec sur les traces d’enfants
Entretien avec Fabienne Regard, historienne, Dr en Sciences politiques, expert au Conseil de l’Europe sur la mémoire de l’Holocauste et la prévention des crimes contre l’humanité.
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Les murs de l’école Brossolette vont accueillir une plaque commémorative pour deux enfants déportés pendant la guerre. Afin de préparer l’événement, une exposition-atelier sur 10 histoires d’enfants juifs sauvés a été installée pour un mois.
Dans une salle du rez-de-chaussée de l’école Brossolette de Noisy-le-sec, 10 panneaux occupent l’espace. 10 photos avec un début de témoignage : « Je m’appelle Mireille Marachin. Je suis née Mireille Gluckman, le 18 septembre 1935. Mes parents étaient des juifs polonais… » « Je m’appelle Schmuel Adar. Je suis né Samuel Fried à Budapest en 1937 » « Je m’appelle… » Abraham, Nachum, Khaya, Rachel, Tsofia, Alik, Fredzia, Alisa, 10 histoires d’enfants juifs cachés pendant la guerre rendues accessibles par l’association Yad Layeled* qui a conçu ce projet. Cet après-midi, les CM2 de la classe de Thierry Noël vont découvrir par groupes la vie et le destin de ces enfants qui avaient leur âge entre 1939 et 1945. Les concepteurs de cette exposition ont délibérément choisi de raconter des histoires d’enfants rescapés de la Shoah. Ces histoires permettent de raconter en filigrane, en tenant compte de la sensibilité d’élèves de classe primaire, l’histoire des enfants disparus, 1,5 million environ.
« Nous avons été ravis de découvrir cet outil très riche, explique Philippe Jacqueline, le directeur de l’école, il s’insère parfaitement dans notre projet ». En effet, l’an passé, une vieille dame, Mme Volgus, elle-même enfant sauvée, a proposé la pose d’une plaque commémorative suite à la déportation à Auschwitz de deux enfants de Noisy. « Le fait que cet événement se passe dans notre école nous a poussés à mettre en place dans les 3 classes de CM2 une réflexion autour de la mémoire, de la tolérance, de la citoyenneté » explique le directeur qui s’est associé à la mise en place d’ateliers pour préparer cet événement : chants, recherche documentaire, arts visuels. Un travail sur l’Histoire s’est aussi organisé avec la visite du camp de Drancy avec Mme Levy, une enfant sauvée, elle aussi, et avec cette exposition.
Et puis, est venue s’ajouter l’exposition. La séance d’aujourd’hui commence par le visionnage du témoignage vidéo d’Arlette Testyler arrêtée à 9 ans pendant la rafle du Vel’ d’hiv, internée à Beaune-la-Rolande puis cachée et sauvée. « Nous avons souhaité ajouter cet élément à l’exposition afin d’entrer tout de suite dans le vif du sujet » mentionne Philippe Jacqueline. Puis, par groupes, les élèves choisissent le portrait d’un enfant. Ils répondent à un questionnaire réalisé par l’association. Celui-ci permet d’aborder des questions autour de l’identité de l’enfant, son lieu de vie, la chronologie des événements, la carte des déportations, la restitution du récit. Il permet aussi aux élèves d’évoquer leur ressenti face à ces histoires de vie. Pour y répondre, les élèves disposent du témoignage écrit des survivants et de documents d’archives plus ou moins nombreux selon ce qui a pu être retrouvé : de 7 à 13 documents comme des photos, des papiers d’identité, des objets… « L’objectif est d’enseigner aux élèves la connaissance des faits à travers des récits véridiques et de leur apprendre la construction d’un discours historique » explique Galith Touati la conceptrice de l’exposition. Un livret pédagogique propose aussi des contenus pour l’enseignant, les réponses aux questionnaires et des pistes d’approfondissement. « Dans nos choix, les Justes occupent la première place. Ils sont la part lumineuse dont on a besoin pour aborder la Shoah », insiste Galith, qui évoque le sens de la responsabilité, la résistance de ces personnes qui cachaient gratuitement, au risque de perdre la vie.
*www.yadlayeled.org/5divers/enseigner-la-shoah-a-lecole-primaire/
Historienne, Dr en sciences politiques, expert au Conseil de l’Europe sur la mémoire de l’Holocauste et la prévention des crimes contre l’Humanité
Vous avez relu l’exposition « Sur les traces d’une photo », quel intérêt ce type d’outil pédagogique a-t-il ?
Comment les enfants investissent-ils ces témoignages ?
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27 janvier