Pour réfléchir à la complexité du réel, sans simplisme, pour s’enrichir de connaissances et s’ouvrir aux autres, pour dépasser l’inquiétude voire le malaise et le rejet face à ce qui est nouveau, inconnu, étrange, voire étranger… Ensemble, vibrer, rêver, découvrir, partager des idées, des jeux, des espaces, des valeurs. Quelques ouvrages qui aident à mieux vivre avec les autres et à accepter les différences. Une chronique sans doute utile aux classe participant au concours « L’’abécédaire du vivre ensemble » organisé par le SNUipp-FSU, de la BNF et leurs autres partenaires
De Rémi Gourgeon, Editions Talents Hauts. Cycle 1
Avoir la peau noire quand son papa a la peau blanche : c’est un si gros chagrin pour Noémie que son papa invente l’histoire de Boulou, la petite chatte noire qui veut changer de couleur. Sauf que devenue blanche, Boulou n’est reconnue par personne… Une histoire qui dit aux enfants que ce n’est pas facile de se découvrir différent quand on grandit, quelle que sa différence. Avec une histoire dans l’histoire, cet album aborde avec finesse cette question sensible de l’altérité.
De Veronica Salinas, illustrations de Camilla Engman, Editions Rue du Monde. Cycle 1
Pas facile de partager, surtout quand on a faim. Et si c’est sympa de jouer avec les autres, quand il s’agit de son casse-croûte, le petit canard n’a plus d’amis. Par un joli clin d’oeil, ce sont les fourmis qui, loin d’être les égoïstes de la fable, ramènent ce canard à des valeurs essentielles ! Ce partage, c’est une reconnaissance de l’autre, de ses besoins, de ses envies… Avec un graphisme tout sympa, dans une forêt qui est celle dans laquelle chacun avance, dans une solitude qui dépend, c’est sûr, des partages que l’on est prêt à faire.
De Béatrice Alemagna, Editions Helium. Cycle 2
L’un est tout troué, l’autre plié en deux, le troisième toujours ensommeillé, le quatrième marche à l’envers, le cinquième réunit toutes les bizarreries. Ils savent plutôt en rire. Quand arrive le Parfait, leur accueil est aussi chaleureux qu’honnête : « on ne fait rien, on rate tout ! ». Mais si ce qui ressemble à des défauts était des qualités ? Cet album invite à changer de point de vue sur soi-même et sur les autres, à accepter les singularités, les différences. A l’image de leur maison brinquebalante, le bon et le moins bon font la saveur de chacun.
De Guillaume Guéraud, illustrations de Bertrand Dubois, Editions Notari
Portraits d’enfants qui vivent aux quatre coins du monde. Tous différents, et si éloignés ! Visages, existences, intérêts, goûts, caractères, sensibilités : tout les sépare et a priori, ils ne se rencontreront jamais. Et pourtant le livre, c’est magique, permet d’imaginer des rencontres, de créer des engins capables de les emmener à la découverte d’un univers poétique. Les obstacles de la réalité et les différences n’empêchent pas de se connaître et de s’aimer. Une utopie poétique, portée par les illustrations pour s’ouvrir à d’autres horizons et se sentir relié à tous les humains.
D’Oriane Lallemand, illustrations de Servane Havette, Editions du Jasmin. Tous cycles
Les autres : ce sont ceux qui ont une couleur de peau différente, des âges, des langues, des cultures différentes... Un texte tout simple et très beau pour parler aux enfants de la diversité, de la richesse et de l’importance de cette diversité. « Tous différents et tous pareils. Car nous sommes tous faits de chair et de sang. » Les illustrations très réalistes sont fraîches, colorées, avec des effets de matière, des peintures à la manière d’instantanés pris sur le vif. Un très joli album contre le racisme, plein de valeurs et de douceur.
De Marie Desplechin, Editions L’école des loisirs. Cycle 3
Dans la vie de Verte et Pome arrivent des méchants. Et les méchants, ça détruit le bonheur… En mettant en scène le harcèlement dont sont victimes les deux petites sorcières, l’auteur parle de l’exclusion, de l’intolérance, des maux auxquels sont soumis 10 % des enfants selon les chiffres officiels. Ce petit roman, primé en 2014, donne l’occasion de parler avec ses élèves des relations qu’ils entretiennent entre eux. Parce qu’on peut et on doit travailler sur ces questions avec intelligence.
De Raphaëlle Frier, ill. d’Aurélia Fronty, Ed. Rue du Monde. Cycle 3
Fille d’un instituteur, à onze ans l’écolière pakistanaise tient un blog pour dénoncer les violences des talibans. Reconnue comme une héroïne dans son pays, Malala est victime d’une tentative d’assassinat et échappe de peu à la mort. À peine rétablie, elle reprend son combat pour le droit des filles à l’éducation. Lauréate du prix Nobel de la paix, elle dédie son prix « à tous les enfants sans voix qui ont besoin d’être entendus. » Les couleurs vives et le graphisme joyeux d’Aurélia Fronty apportent une touche d’enfance universelle à ce portrait plein d’espoir.