Interview
« Essaimer ce qui permet la réussite de tous »
16 juin 2015

Trois questions à Marie-Aleth Grard, rapporteure de l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur « Une école de la réussite pour tous ».

Marie-Aleth Grard est Vice-Présidente d’ATD-Quart monde et membre du Conseil supérieur des programmes.

Comment s’est construit cet avis du CESE sur « Une école de la réussite pour tous » ?

Il s’agissait de proposer un avis de suite à la loi sur la refondation. Nous sommes allés voir des lieux en France où l’école de la réussite de tous est déjà en marche tout en travaillant en lien étroit avec Jean-Paul Delahaye qui avait une mission parallèle sur « grande pauvreté et réussite scolaire ». J’ai constitué également un groupe composé d’enseignants, de chercheurs, d’acteurs de quartiers, de parents solidaires d’ATD Quart Monde mais aussi de parents qui ont l’expérience de la grande pauvreté et nous avons travaillé dans une démarche de « croisement des savoirs ». Cela nous a permis de constater que le parcours des enfants vivant dans la grande pauvreté est trop souvent marqué par des orientations subies vers des filières spécialisés ou du handicap dès la fin de la maternelle.

Vous invitez à des pratiques pédagogiques innovantes ? Lesquelles et pourquoi ?

Innovantes, pas forcément car nous avons visité des lieux d’éducation finalement ordinaires, mais dans lesquels, grâce au travail en équipe des enseignants, on sentait chez tous les enfants une dynamique de réussite. Et nous avons constaté que toutes les pédagogies ne se valent pas pour faire réussir tous les enfants. Les pédagogies de la coopération y parviennent davantage et de manière générale, toutes celles qui n’abandonnent personne, donnent une place active reconnue et respectée à tous les élèves, favorisent la prise d’initiative et combattent l’ennui en classe.

Vous évoquez une autre gouvernance, laquelle ?

La constante absolue dans tous ces lieux qui cultivent la réussite de tous est le travail en équipe. C’est pourquoi nous prônons une gouvernance bienveillante et exigeante qui le favorise. Il faut reconnaître et valoriser le travail des enseignants. On ne sait pas leur dire que ce qu’ils font pour la réussite de tous est formidable et mérite d’essaimer. Il faut aussi les soutenir pour qu’ils n’aient pas peur du travail en équipe et puissent s’engager dans l’analyse de pratiques.

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