Le Haut conseil à l’égalité publie un rapport qui met en lumière la persistance des stéréotypes sexistes dans l’éducation et pointe le manque d’offre de formation pour les enseignants.
Alors que « l’école joue un rôle central pour construire une culture et une société de l’égalité filles-garçons », les stéréotypes sexistes y persistent encore trop souvent, déplore le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans un rapport rendu public le 22 février. Les rapporteurs y détaillent les différentes dimensions de ces stéréotypes qui influencent les pratiques pédagogiques, l’évaluation des élèves, les contenus des manuels scolaires, mais aussi les interactions avec les enseignantes et les enseignants ou encore l’orientation.
Source : Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, janvier 2017
Pour le HCE, les personnels de l’Éducation nationale ont un rôle primordial dans la construction de cette égalité entre filles et garçon, une thématique d’ailleurs intégrée à la loi de refondation et aux nouveaux programmes de 2016. Sont donc aussi présentées différentes ressources à la disposition des enseignants. Mais ce travail ne va pas de soi et l’organisme met en avant un manque réel d’offre de formation, tant initiale que continue, laquelle demande à être renforcée et généralisée. Une formation qui pourtant avait été promise par le ministère, après que celui-ci ait supprimé le dispositif des « ABCD de l’égalité » sous la pression de l’extrême droite et des opposants au mariage pour tous.
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le site du HCE
Trois questions à Doriane Montmasson, docteure en sciences de l’éducation, chercheure associée au CERLIS
La prégnance des stéréotypes de genre est réelle. Elle peut être expliquée par la précocité avec laquelle nous y sommes confrontés, mais également par leur caractère insidieux. Au-delà des messages que nous transmettons intentionnellement aux enfants, nous n’avons bien souvent pas conscience de tout ce qui contribue - y compris en dehors de la famille et de l’école - à forger leurs représentations du masculin et du féminin. Dans la littérature de jeunesse par exemple, les personnages en charge de la préparation des repas au sein de la sphère domestique sont très majoritairement féminins. Peu d’ouvrages proposent sur ce point des modèles alternatifs.
Pour que les choses évoluent, c’est la société dans son ensemble qui doit agir. Néanmoins, ce qui se joue au sein de l’école est loin d’être vain et peut faire évoluer les représentations. Il est démontré que présenter aux enfants des modèles dissemblables favorise leur réflexivité. Si travailler à partir d’un support proposant une vision « égalitaire » est ainsi intéressant, travailler à partir de supports qui proposent des modèles différents, contradictoires et faire échanger et débattre les enfants l’est encore davantage. Ce qui ressort de la confrontation des modèles et des points de vue, de la nécessité d’expliciter ses représentations pour les partager ou les défendre, fait nécessairement chemin, même si les effets ne sont pas toujours immédiatement visibles.
Le sociologue est habitué à mettre en lumière les problèmes plus qu’il ne l’est à préconiser des mesures. Toutefois, sensibiliser aux questions de genre les futurs professeurs des écoles est primordial. Il est en effet important d’apprendre à connaître et à déconstruire ses propres représentations dans la mesure où celles-ci ont une influence sur les pratiques et où ces pratiques ont elles-mêmes un effet bien réel sur la destinée des élèves.