Un élève de CM2 planche sur l’évolution du tracé de la frontière franco-belge, toute proche de Tourcoing.

« Comment sont tracées les frontières ? », demande Judith Lefebvre à ses élèves de CM2. Une question qui rebuterait plus d’un élève et plus d’un enseignant… « Car comment aborder ce concept fondamental en géographie sans se limiter à une simple observation de cartes sur de vieux manuels ? » s’interroge l’enseignante tout en distribuant ses documents.

L’analyse d’un premier tableau met en évidence qu’au cours du XXe siècle, le nombre d’Etats dans le monde a été multiplié par 4 : « Il y a eu des guerres et donc les pays se sont divisés » concluent les élèves après un échange oral. Un second document, retraçant l’évolution de la frontière franco-belge au gré de différents traités, va être l’occasion d’un travail déductif et ludique permettant aux élèves de voir que la Belgique n’a pas toujours existé, que Lille n’a pas toujours été française et donc que la frontière n’est pas naturelle puisque tracée par l’homme.

« Ce document parle à mes élèves qui franchissent régulièrement la frontière pour acheter des frites, meilleures de l’autre côté », confie Judith.

Un dernier document présente l’actuel tracé des frontières de la Côte d’Ivoire et de ses pays limitrophes. Cette carte, où apparaissent les foyers linguistiques d’Afrique de l’ouest, révèle que le tracé, réalisé par les colonisateurs anglais et français, n’a pas respecté les modes de vie des habitants et donc apparaît artificiel… « Une approche globale qui donne une perspective historique et de la cohérence à la discipline » argumente Judith. Désormais, la carte n’est plus un objet abstrait qu’on doit assimiler avec les noms des pays, des fleuves, des capitales… mais un outil qui sert à vérifier des hypothèses. Ainsi, quand Judith montre à ses élèves la frontière entre l’Algérie et le Mali, elle témoigne « qu’un fonctionnaire des colonies a dû simplement prendre sa règle pour en réaliser le tracé ».