Francophonie : défendre l'école publique

Mis à jour le 14.06.16

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Trois questions à Florian Lascroux, président du Comité syndical francophone pour l'éducation et la formation (CSFEF)*, à l'occasion du lancement d'un appel contre la marchandisation de l'éducation.

Quelles formes prend la marchandisation de l'éducation dans l'espace francophone ?

L'implantation d'écoles privées a pris une telle ampleur que personne n'est en mesure d'effectuer un état des lieux précis. Tout existe : l'école construite par une ONG dans un village reculé, la petite école de quartier gérée par un enseignant à la retraite, les puissants réseaux d'écoles confessionnelles. Les frais d'inscription varient énormément, mais même les plus bas constituent un effort important pour les familles les plus déshéritées. En fait, la toile d'écoles privées s'est tissée petit à petit, tout simplement en raison de la carence des États. Dans les campagnes, ou dans certains quartiers des grandes villes, l'école privée constitue souvent la seule offre éducative. Les États font preuve d'une passivité complice, voire d'un soutien affiché.

Quelles en sont les conséquences ?

Tout d'abord, l'absence de gratuité de l'école constitue un frein évident à la scolarisation. La recherche de rentabilité conduit les propriétaires et les directeurs d'écoles privées à chercher des économies : locaux exigus, enseignants peu ou pas formés, équipements inadéquats. Les écoles privées sont aussi synonymes, pour les enseignants, de salaires encore plus bas que dans le public, de temps de travail sans limite, et d'une absence quasi-totale de droits syndicaux.

Que proposez-vous pour garantir une éducation publique de qualité pour tous ?

Un réseau d'organisations francophones** s'est constitué pour interpeller les bailleurs internationaux et les États afin de privilégier de façon absolue le soutien à l'éducation publique gratuite. L'effort est immense et passe par des augmentations considérables de budgets. Les États doivent lutter véritablement contre la corruption, cesser de céder devant les pressions des groupes internationaux qui obtiennent souvent des exonérations de charges, mieux répartir les impôts et taxes pour toucher les plus fortunés, mieux former et organiser les administrations. Nous plaidons aussi pour une augmentation de l'aide internationale qui doit être coordonnée, partir des besoins exprimés par les pays et respecter les priorités affichées. Ces soutiens doivent provenir de fonds publics, meilleure façon d'assurer leur pérennité et la cohérence des choix.

*CSFEF : réseau francophone des syndicats d'enseignants dont le SNUipp est membre.

**Fédération Internationale des CEMEA, CSFEF, Solidarité Laïque, coalition française de la campagne mondiale pour l'éducation, Open society foundations, Right to education project, Global initiative for economical, social and cultural rights.

Lire :
- l'appel contre la marchandisation de l'éducation

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- le site du CSFEF