Répondre aux besoins spécifiques des tout-petits

Mis à jour le 14.01.13

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La nouvelle version du projet de circulaire sur l'accueil des moins de trois ans prend en compte certaines remarques et propositions du SNUipp. Mais ses demandes d'effectifs réduits à 15 élèves maximum, d'une obligation d'ATSEM à plein temps ou d'une rentrée échelonnée restent aujourd'hui sans réponse.

Trois mille postes sont programmés sur 5 ans pour le développement de l'accueil des enfants de moins de trois ans : la scolarisation des tout-petits est de nouveau à l'ordre du jour. Pour le SNUipp, son développement ne pourra pas se faire à n'importe quelles conditions. Il l'a clairement exprimé au ministère et obtenu des modifications de la circulaire d'application. Ainsi l'attention particulière portée à la relation aux parents d'élèves et la place des enseignants dans les structures locales d'échanges entre les différents partenaires de la petite enfance sont affirmées dans le texte. Souplesse, concertation et collaboration sont préconisées pour « déterminer le moment opportun pour scolariser chacun », permettre « des possibilités de passage entre les différentes structures » et « faciliter l'implication des familles les plus éloignées de la culture scolaire. » Le SNUipp a obtenu que les postes soient identifiés au mouvement pour que les enseignants y participent en toute connaissance de cause. Il reste attentif à un possible profilage des postes.

Des besoins spécifiques

L'annexe à la circulaire érige en principes la formation et l'accompagnement des équipes d'école. Le syndicat a pu intervenir pour que les formateurs et notamment les CPC puissent bénéficier aussi d'une formation spécifique. À sa demande, un espace de ressources et de mutualisation sera ouvert sur Eduscol. Enfin, si le texte évoque bien les besoins spécifiques des jeunes enfants, la souplesse des modalités d'accueil, la comptabilisation des deux ans dans les effectifs de rentrée, il ne reprend pas certaines propositions du syndicat notamment sur la demande d'effectifs réduits à 15 élèves maximum, d'une obligation d'ATSEM à plein temps, d'une rentrée échelonnée. Le SNUipp a demandé qu'un temps soit prévu pour la mise en place de ce dispositif et le travail de partenariat. Cet élément est présent dans la circulaire qui redéfinit les 108h.


Dans une interview donnée à Fenêtres sur Cours, Agnès Florin revient sur la circulaire sur l'accueil des moins de 3 ans. Selon la Professeure de psychologie de l'enfant et de l'éducation à l'Université de Nantes, cette circulaire prend en compte les besoins spécifiques des enfants de moins de 3 ans.

Qu'est-ce que cette circulaire devrait concrètement changer ?

Ce qui est novateur, même par rapport aux années 90-2000, c'est de considérer qu'on ne scolarise pas les enfants de moins de trois comme les autres. Du fait de la grande hétérogénéité qui existe entre eux, en fonction de leur mois de naissance par exemple, il faut beaucoup plus de souplesse. L'organisation de l'espace et des activités devra être pensée pour les plus jeunes et leurs besoins pris en compte : besoin de calme, besoin d'un accompagnement privilégié, présence conjointe d'un enseignant et d'un ATSEM. Précédemment, même quand on accueillait massivement les moins de trois ans, on ne trouvait pas ces préconisations au niveau des textes officiels.

Il est question dans la circulaire de partenariat et de lien avec les familles.

Je me réjouis que l'école ne soit pas refermée sur elle-même. Les enfants dont on parle passent du pré-scolaire au scolaire, c'est à dire de la famille, des structures de la petite enfance, de l'assistante maternelle... à l'école. L'important c'est l'éducation dont on connaît l'impact tant sur les trajectoires scolaires que sur les trajectoires de vie. Établir une relation de confiance avec les familles, notamment avec celles de milieux défavorisés, est essentiel. Les associations de quartier, les services de la PMI et les autres professionnels contribuent aussi à la qualité de cette relation.

L'école est-elle prête à accueillir massivement les moins de trois ans ?

Depuis trente ans les travaux sur le développement ont révolutionné notre conception de la petite enfance et cela nécessite que les connaissances soient actualisées. Il est indispensable de prévoir des modules de formation spécifiques pour la maternelle. On peut aussi envisager des formations croisées entre personnels de la petite enfance et enseignants qui donneraient aux uns et aux autres la possibilité d'échanger les expériences concernant aussi bien les soins, les rythmes de vie ou la collation que le développement du langage ou les compétences cognitives.